Il fallait dire permise à la douleur, et non pas trop juste. Une plainte n’est pas juste à la douleur comme un habit est juste au corps.
Vous êtes satisfaite, et je ne la suis pas[1].
Il faut je ne le suis pas, parce que ce le est neutre et indéclinable. Si on demandait à des dames : êtes-vous satisfaites ? elles répondraient : nous le sommes, et non pas nous les sommes. Ainsi une femme doit dire je le suis, et non je la suis.
Aucuns ordres ni soins n’ont pu le secourir[2].
Il fallait aucun ordre, aucun soin n’a pu le secourir.
Leur roi n’a pu jouir de ton cœur adouci[3] ;
Et Pompée est vengé ce qu’il peut l’être ici.
De ton cœur adouci ne peut se mettre au lieu de ta clémence. Ce qu’il peut l’être ne peut être reçu pour signifier autant qu’il peut l’être, et c’est une grande faute de langage dans un auteur moderne d’avoir mis
Je vous aime tout ce qu’on peut aimer.
Ta nouvelle victoire, et le bruit éclatant[4]
Qu’aux changements de roi pousse un peuple inconstant.
Un peuple qui pousse un bruit aux changements de roi est un galimatias insupportable.
Et parmi ces objets ce qui le plus m’afflige[5].
Il n’est pas permis, dans le style noble, de placer ainsi l’adverbe au devant du verbe. On ne peut pas dire en vers héroïques ce qui davantage me plaît, ce que patiemment je supporte, ce qu’à contre-cœur je fais, ce que prudemment je diffère.
......J’ajoute une requête[6].
- ↑ Acte V, scène ii, 20.
- ↑ Ibid., scène iii, vers 27 et 28. Ce texte est encore celui de l’édition de 1664 ; mais on lit dans l’édition de 1682 :Ni vos vœux ni nos soins n’ont pu le secourir.
- ↑ Acte V, scène iv, vers 3 et 4. Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, trouve énergique le ce qu’il peut l’être, qui est condamné ici.
- ↑ Acte V, scène iv, vers 7 et 8.
- ↑ Ibid., 9.
- ↑ Ibid., 13.