Tint ce discours au sénat infernal…
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« Quels noirs complots, quels ressorts inconnus,
Font aujourd’hui tarir mes revenus ?
Depuis un mois assemblant mes ministres,
J’ai feuilleté mes journaux, mes registres ;
De jour en jour l’enfer perd de ses droits ;
Le diable oisif y souffle dans ses doigts[1]. »
Il règne dans cette peinture un mélange de terrible et de ridicule, et même de plusieurs styles, lequel n’est point convenable au sujet. La chute de l’homme, que l’auteur traite sérieusement, ne peut admettre le bas comique. Il fallait imiter plutôt l’énergie outrée de Milton et la beauté du Tasse. « Une face échaudée, des diables mineurs, Lucifer qui tousse, des démons soufflant dans leurs doigts », ne sont pas un début décent pour arriver à l’amour de Dieu, qui est traité dans cette pièce. C’est une grimace ; c’est le sac de Scapin dans le Misanthrope[2]. Chaque chose doit être traitée dans le style qui lui est propre, et il y a de la dépravation de goût à mêler ainsi les styles. Cette remarque est très-importante pour les étrangers et pour les jeunes gens, qui ne peuvent d’abord discerner s’il y a des termes bas dans un sujet noble, et voir que le sujet est par là défiguré.
L’épigramme ne doit pas être placée dans un plus haut rang que la chanson.
L’épigramme plus libre, en son tour plus borné,
N’est souvent qu’un bon mot de deux rimes orné[4],
Mais je ne conseillerais à personne de s’adonner à un genre qui peut apporter beaucoup de chagrin avec peu de gloire. Ce fut par
- ↑ S’il reste encore des gens de lettres qui croient de bonne foi J.-B. Rousseau un poëte égal ou supérieur à M. de Voltaire, nous les exhortons à comparer cette description de l’enfer avec le cinquième chant de la Pucelle. (K.)
- ↑ Boileau, Art poétique, III, 399.
- ↑ Voltaire a donné un article Épigramme dans ses Questions sur l’Encyclopédie : voyez tome XVIII, page 558.
- ↑ Boileau, Art poétique, II, 103-4.