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MÉMOIRE
DU SIEUR DE VOLTAIRE
(6 février 1739[1].)

Au milieu de ce tumulte d’intérêts publics et particuliers, d’affaires et de plaisirs, qui emportent si rapidement les moments des hommes, ne sera-t-il point trop téméraire de conjurer le public éclairé de lire avec quelque attention ce mémoire qu’on lui présente ? Il ne s’agit en apparence que de quelques citoyens ; mais l’intérêt d’un seul particulier devient souvent l’affaire de tout honnête homme : car quel homme de bien n’est point exposé à la calomnie plus ou moins publique ? On prie chaque lecteur de se dire ici : Homo sum, humani nihil a me alienum puto. Tout lecteur sage devient en de pareilles circonstances un juge qui décide de la vérité et de l’honneur en dernier ressort, et c’est à son cœur que l’injustice et la calomnie crient vengeance[2].

L’auteur de ce mémoire a des imputations injustes à détruire comme homme de lettres, et des accusations affreuses à confondre comme citoyen. L’amour du vrai, le respect pour le public, la nécessité de la plus juste défense, et non l’envie de nuire à son ennemi, dirigeront toutes ses paroles.

Un petit écrit, intitulé le Préservatif[3], a paru dans le monde ;

  1. Ce mémoire, dont je n’ai trouvé l’indication nulle part, que le hasard m’a procuré, et que le premier j’admets dans les Œuvres de Voltaire, est évidemment celui dont Voltaire cite une phrase dans sa lettre à d’Olivet, du 29 décembre 1738, et encore dans la lettre à l’abbé Moussinot, du commencement de février 1739. C’est cet abbé qui doit avoir fait faire l’édition dont je possède un exemplaire, in-12 de cinquante-six pages, portant l’adresse de : À La Haye, chez J. Néaulme : mais que je crois de Paris. Voltaire, peu après, changea l’intitulé et la rédaction de cet écrit, qu’il reproduisit sous le titre de Mémoire sur la Satire ; c’est la pièce qui suit immédiatement. Quelques phrases, en très-petit nombre, et que j’indiquerai, se retrouvent dans les deux versions. (Janvier 1830.) B.)
  2. La fin de cet alinéa se retrouve dans le Mémoire sur la Satire, qui suit.
  3. Il avait paru sous le nom du chevalier de Mouhy.