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CHANSONS.

gner des empires pour les donner. Sa passion pour la gloire, pour la guerre, et pour la vengeance, l’empêcha d’être bon politique, qualité sans laquelle on n’a jamais vu de conquérant. Avant la bataille et après la victoire il n’avait que de la modestie ; après la défaite, que de la fermeté ; dur pour les autres comme pour lui-même ; comptant pour rien la peine et la vie de ses sujets aussi bien que la sienne ; homme unique, plutôt que grand homme : admirable, plutôt qu’à imiter. Sa vie doit apprendre aux rois combien un gouvernement pacifique et heureux est au-dessus de tant de gloire[1]. »

Je vois dans ces traits un résumé de toute l’histoire de ce monarque. L’auteur ne peint, pour ainsi dire, que par les faits. Il n’a point envie de briller. Ce n’est point lui qui paraît, c’est son héros ; et, quoique sans envie de briller, il répand pourtant sur cette image une élégance de diction, et un sentiment de vertu et de philosophie qui charme l’âme.

Je trouve tout le contraire dans le portrait de Valstein fait par Sarrasin. « Il était, dit-il, envieux de la gloire d’autrui, jaloux de la sienne, implacable dans la haine, cruel dans la vengeance, prompt à la colère, ami de la magnificence, de l’ostentation et de la nouveauté. »

Il semble que l’auteur, en s’exprimant ainsi, soit plus rempli de Salluste que de son héros. Je vois des traits, mais qui peuvent s’appliquer à mille généraux d’armée ; « envieux de la gloire d’autrui, jaloux de la sienne » : ce ne sont là que des antithèses. Il est si vrai qu’on est jaloux de sa propre gloire, quand on envie celle d’autrui, que ce n’est pas assurément la peine de le dire. Ce n’est pas là représenter le caractère propre et particulier d’un personnage illustre, c’est vouloir briller par un entassement de lieux communs qui appartiennent à cent généraux d’armée aussi bien qu’à Valstein.

CHANSONS.

Nous avons en France une foule de chansons préférables à toutes celles d’Anacréon, sans qu’elles aient jamais fait la réputation d’un auteur. Toutes ces aimables bagatelles ont été faites plutôt pour le plaisir que pour la gloire. Je ne parle pas ici de ces vaudevilles satiriques qui déshonorent plus l’esprit qu’ils ne manifestent de talent : je parle de ces chansons délicates et faciles

  1. Voyez tome XVI, page 350.