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PANÉGYRIQUE

Celui qui a pour titre Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l’éloquence dans la langue française nous semble avoir été fait sous les yeux de M.  de Voltaire par un de ses élèves. On y retrouve les mêmes principes de goût, les mêmes opinions que dans ses ouvrages sur la littérature. Il parut dans un temps où M.  de Voltaire avait à combattre une cabale nombreuse, acharnée, formée par les hommes de lettres les plus célèbres, n’ayant d’autre appui que celui de quelques jeunes gens en qui l’enthousiasme pour son génie l’emportait sur la jalousie, ou qu’il s’était attachés par des bienfaits. On voit par ses lettres qu’il leur donnait quelquefois le plan et les principales idées des ouvrages qu’il désirait opposer à ses ennemis[1].

Le Panégyrique de saint Louis a passé pour être de M.  de Voltaire[2], dans le temps où il fut prononcé. Les traits heureux répandus dans cet ouvrage, l’esprit philosophique qui y règne, et qui était alors inconnu dans la chaire ; le style, qui est à la fois simple et noble, mais éloigné de ce style oratoire, si propre à cacher sous la pompe des mots le vide des idées ; tout cela nous porte à croire que cette opinion n’était pas destituée de fondement. On prétend que le prédicateur avait consulté M.  de Voltaire sur un panégyrique qu’il avait fait lui-même ; dans un moment d’humeur contre le mauvais style de ce sermon, M.  de Voltaire le jeta au feu. Cependant l’auteur, qui avait fondé sur le succès de son discours l’espérance de sa fortune, était au désespoir ; il fallait avoir un autre panégyrique, et l’apprendre en huit jours. M.  de Voltaire eut pitié de lui, et fit en deux jours le discours qu’on trouve ici, et qui eut alors beaucoup de succès.


PANÉGYRIQUE DE SAINT LOUIS.
Et nunc, reges, intelligite ; crudimini, qui judicatis terram.
Instruisez-vous, ô vous qui gouvernez et qui jugez la terre !
(Ps. II, v. 10.)

Quel texte pourrais-je choisir parmi tous ceux qui enseignent les devoirs des rois ; quel emblème des vertus pacifiques et guer-

    qu’il a mis du sien dans ce sermon ou panégyrique, qui lui a valu, quelque temps après, un évêché. » Ici encore Longchamp se trompe : d’Arty n’obtint pas d’évêché. Mais, au reste, ce personnage, qui n’a place dans aucune biographie ni bibliographie, espérant, en 1752, être chargé d’une oraison funèbre du duc d’Orléans, eut recours cette fois à J.-.J. Rousseau. L’oraison funèbre, composée par ce grand écrivain, lui fut payée, mais n’a point été prononcée. Elle est dans les Œuvres de J.-J. Rousseau. Le Panégyrique de saint Louis, imprimé en 1749, dans le format in-4°, avec le nom de Darty, est, depuis les éditions de Kehl, dans les Œuvres de Voltaire. (B.)

  1. Voyez la note, page 327-328.
  2. Il ne reste plus aucun doute à cet égard ; voyez la note 1 de la page précédente.