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PRÉFACE DE L’AUTEUR[1].

L’auteur de ce panégyrique se cacha longtemps avec autant de soin qu’en prennent ceux qui ont fait des satires. Il est toujours à craindre que le panégyrique d’un monarque ne passe pour une flatterie intéressée. L’effet ordinaire de ces éloges est de faire rougir ceux à qui on les donne, d’attirer peu l’attention de la multitude, et de soulever la critique. On ne conçoit pas comment Trajan put avoir ou assez de patience ou assez d’amour-propre pour entendre prononcer le long panégyrique de Pline : il semble qu’il n’ait manqué à Trajan, pour mériter tant d’éloges, que de ne les avoir pas écoutés.

Le panégyrique de Louis XIV fut prononcé par M.  Pellisson, et celui de Louis XV devrait l’être sans doute à l’Académie par une bouche aussi éloquente. Il s’en faut beaucoup que l’auteur de cet Essai adopte l’avis de M.  le président Hénault, qui préfère le panégyrique de Louis XV à celui de Louis XIV. L’auteur ne préfère que le sujet. Il avoue que Louis XV a sur Louis XIV l’avantage d’avoir gagné deux batailles rangées. Il croit que le système des finances ayant été perfectionné par le temps, l’État a souffert incomparablement moins dans la guerre de 1741 que dans celle de 1688, et surtout dans celle de 1701. Il pense enfin que la paix d’Aix-la-Chapelle[2] peut avoir un grand avantage sur celle de Nimègue[3]. Ces deux paix, à jamais célèbres, ont été faites dans les mêmes circonstances, c’est-à-dire après des victoires ; mais le vainqueur fit encore craindre sa puissance par le traité même de Nimègue, et Louis XV fait aimer sa modération. Le premier traité pouvait encore aigrir des nations, et le second les réconcilie. C’est cette paix heureuse que l’auteur a principalement en vue. Il regarde celui qui l’a donnée comme le bienfaiteur du genre humain. Il a fait un panégyrique très-court, mais très-vrai dans

  1. C’est le titre de ce morceau dans la cinquième édition, 1748, in-8°, la première où il ait paru. Dans la sixième édition, 1749, in-8°, il est placé à la fin du Panégyrique, et sous le titre de Réponse de l’auteur à quelques objections. Il existe des exemplaires de la sixième édition, avec les traductions latine, italienne, espagnole et anglaise. C’est dans ces langues qu’on trouve le Panégyrique de Louis XIV, par Pellisson, à la suite de la Relation contenant l’histoire de l’Académie française, 1672, in-12. (B.)
  2. 18 octobre 1748.
  3. 10 août 1678.