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COURTE RÉPONSE AUX LONGS DISCOURS, ETC.

de ne faire ni l’un ni l’autre ; si ce qu’on appelle matière a des sensations comme elle a la gravitation ; si, etc.

Quant à la dispute sur la mesure de la force des corps en mouvement, il me paraît que ce n’est qu’une dispute de mots ; et je suis fâché qu’il y en ait de telles en mathématiques. Que l’on exprime comme l’on voudra la force, par , ou par rien ne changera dans la mécanique : il faudra toujours la même quantité de chevaux pour tirer les fardeaux, la même charge de poudre pour les canons ; et cette querelle est le scandale de la géométrie.

Plût au ciel encore qu’il n’y eût point d’autre querelle entre les hommes ! nous serions des anges sur la terre. Mais ne ressemble-t-on pas quelquefois à ces diables que Milton nous représente dévorés d’ennui, de rage, d’inquiétude, de douleur, et raisonnant encore sur la métaphysique au milieu de leurs tourments ?

Tels, dans l’amas brillant des rêves de Milton,
On voit les habitants du brûlant Phlégéton,
Entourés de torrents, de bitume, et de flamme,
Raisonner sur l’essence, argumenter sur l’âme.
Sonder les profondeurs de la fatalité,
Et de la prévoyance, et de la liberté.
Ils creusent vainement dans cet abîme immense.


..........« And reason’d high

Of providence, forek nowledge, will, and fate,
Fix’d fate, free will, forek nowledge absolute.
And found no end, etc. »

(Parad. lost. II.)
FIN DE LA COURTE RÉPONSE, ETC.