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CONSEILS À M. RACINE.

Le trône est sur l’autel, et l’absolu pouvoir
Met dans les mêmes mains le sceptre et l’encensoir.

(Henriade, ch. IV, 181-186.)
m. racine.

Terrible par ses clefs et son glaive invisible,
Tranquillement assis dans un palais paisible,
Par l’anneau du pêcheur[1] autorisant ses lois,
Au rang de ses enfants un prêtre met nos rois.

(Ch. IV, 4.31-34.)
m. de voltaire.

Vous dont la main savante et l’exacte mesure[2]
De la terre étonnée ont fixé la figure,
Dévoilez les ressorts qui font la pesanteur ;
Vous connaissez les lois qu’établit son auteur ;
Parlez, enseignez-moi comment ses mains fécondes
Font tourner tant de cieux, graviter tant de mondes
Vous ne le savez point, etc.

(IVe Discours, 51-57.)
m. racine.

Vous que de l’univers l’architecte suprême
Eût pu charger du soin de l’éclairer lui-même.
Des travaux qu’avec vous je ne puis partager,
Si j’ose vous distraire et vous interroger.
Dites-moi quel attrait à la terre rappelle
Ce corps que dans les airs il lance si loin d’elle
La pesanteur… déjà ce mot vous trouble tous.

(Ch. V, 253-59.)
m. de voltaire.

Vers un centre commun tout gravite à la fois.

(Épître à madame du Châtelet, 32.)
m. racine.

Vers un centre commun tous pèsent à la fois.

(Ch. V, 248.)
m. de voltaire.

Et périsse à jamais l’affreuse politique
Qui prétend sur les cœurs un pouvoir despotique ;
Qui veut le fer en main convertir les mortels ;
Qui du sang hérétique arrose les autels,
Et, suivant un faux zélé ou l’intérêt pour guides,
Ne sert un Dieu de paix que par des homicides !

(Henriade, ch. II, 17-22.)
  1. Le texte de Racine porte : « Par l’anneau d’un pêcheur. »
  2. En citant ce vers, Voltaire en a changé le premier hémistiche ; voyez,
    tome IX, le texte et les variantes du quatrième Discours sur l’Homme.