les forces A D, A F, se détruisent. Que reste-t-il donc de force au corps ? Il lui reste F E d’un côté, et B D de l’autre : donc il n’a pas la force de A B et de A E, réunies comme on le prétendait ; donc, etc.
Il y avait beaucoup de finesse dans la difficulté, et il y en a encore plus dans la réponse ; elle est de M. Jurin, l’un des meilleurs physiciens d’Angleterre.
M. Jurin, pour épargner tout calcul, toute décomposition, et pour faire voir encore plus clairement, s’il est possible, comment deux vitesses en un même temps ne donnent qu’une force double, imagina cette expérience :
Qu’on fasse mouvoir, avec l’aide d’un ressort, une balle avec un degré de vitesse quelconque ; qu’ensuite, ce degré étant bien constaté, le ressort bien établi, la balle en repos, on donne à la table un mouvement égal à celui que le ressort communique à la boule, c’est-à-dire qu’on fasse en même temps mouvoir la boule avec la vitesse 1, et la table avec la vitesse 1, il est clair qu’alors la boule acquerra deux vitesses, et simplement deux forces : donc, quand il n’y a pas plusieurs temps différents à considérer, il faut ne reconnaître dans les corps mobiles d’autre force que celle de leur masse par leur vitesse.
L’illustre auteur, engagée aux leibnitziens, a voulu contredire cette expérience. Voici, dit-elle, en quoi consiste le vice du raisonnement de M. Jurin.
Supposons, pour plus de facilité, au lieu du plan mobile de M. Jurin, un bateau A B qui avance sur la rivière avec la vitesse 1, et le mobile P transporté avec le bateau : ce mobile acquiert la même vitesse que le bateau. Supposons un ressort capable de donner cette vitesse 1, hors du bateau, il ne la lui donnera plus, car l’appui du ressort dans le bateau n’est pas inébranlable, etc.
Il est vrai que cette expérience peut être sujette à cette difficulté, et qu’il y aura une petite diminution de force dans l’action du ressort parce que le bateau cédera un peu à l’elfort du ressort ; cela fera peut-être un dix-millième de différence : ainsi le mobile aura deux de force moins un dix-millième ; mais certainement cette diminution de force ne fera pas qu’il aura le carré de deux, c’est-à-dire quatre ; et il n’y a pas d’apparence que, pour avoir perdu quelque chose, il ait gagné plus du double.
D’ailleurs il est très-aisé de faire cette expérience, en attachant le ressort à une muraille et en le détendant contre le mobile qui sera sur la table. À cela il n’y a rien à répondre, et il