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EXPOSITION
DU LIVRE
DES INSTITUTIONS PHYSIQUES
DANS LAQUELLE ON EXAMINE LES IDÉES DE LEIBNITZ.
(1740)

Il a paru au commencement de cette année un ouvrage qui ferait honneur à notre siècle s’il était d’un des principaux membres des académies de l’Europe. Cet ouvrage est cependant d’une dame, et ce qui augmente encore ce prodige, c’est que cette dame, ayant été élevée dans les dissipations attachées à la haute naissance, n’a eu de maître que son génie et son application à s’instruire. Ce livre est le fruit des leçons qu’elle a données elle-même à son fils ; elle a eu la patience de lui enseigner elle seule ce qu’elle avait eu le courage d’apprendre. Ces deux mérites sont également rares ; elle y en a ajouté un troisième qui relève le prix des deux autres : c’est la modestie de cacher son nom.

L’ouvrage est intitulé Institutions de physique[1], et se vend à Paris, chez Prault fils, quai de Conti. On n’en a encore que le premier tome[2], qui contient vingt et un chapitres. L’illustre auteur commence par un avant-propos capable de donner du goût pour les sciences à ceux à qui leur génie en a refusé. Tout y est naturel, et en même temps sublime. Une des personnes les plus respectables qui soient en France s’est exprimée ainsi en parlant de cet avant-propos dans une de ses lettres : « Ce n’est pas vouloir avoir

  1. Les Institutions de physique, par Mme  du Châtelet, parurent en 1740. L’ouvrage était terminé dès 1738 ; mais elle en retarda la publication, dit Lalande (Bibliothèque astronomique, page 439), pour y mettre la Philosophie de Leibnitz, dont Kœnig lui avait inspiré la curiosité. (B.)
  2. Le reste de l’ouvrage n’a pas paru. (K.)