fait tant de fanatiques, mais encore si ces témoins sont effectivement morts pour cela ; si on a conservé leurs dépositions ; s’ils ont habité les pays où l’on dit qu’ils sont morts.
Pourquoi Josèphe, né dans le temps de la mort du Christ ; Josèphe, ennemi d’Hérode ; Josèphe, peu attaché au judaïsme, n’a-t-il pas dit un mot de tout cela ? Voilà ce que M. Pascal eût débrouillé avec succès.
Cette pensée paraît un sophisme, et la fausseté consiste dans ce mot d’ignorance qu’on prend en deux sens différents. Celui qui ne sait ni lire ni écrire est un ignorant ; mais un mathématicien, pour ignorer les principes cachés de la nature, n’est pas au point d’ignorance dont il était parti quand il commença d’apprendre à lire. M. Newton ne savait pas pourquoi l’homme remue son bras quand il le veut ; mais il n’en était pas moins savant sur le reste. Celui qui ne sait point l’hébreu, et qui sait le latin, est savant par comparaison avec celui qui ne sait que le français.
C’est comme si on disait : « C’est n’être pas malheureux que de pouvoir être accablé de douleur, car elle vient d’ailleurs. » Celui-là est actuellement heureux, qui a du plaisir, et ce plaisir ne peut venir que de dehors ; nous ne pouvons guère avoir de sensations ni d’idées que par les objets extérieurs, comme nous ne pouvons nourrir notre corps qu’en y faisant entrer ces substances étrangères qui se changent en la nôtre.
- ↑ Cette pensée ne se trouve que dans les copies du manuscrit autographe de Pascal.