à venir dans son périhélie ; mais, à mesure qu’elle en approche, la traînée de feu augmente de grandeur et d’éclat ; sa plus grande étendue et sa plus grande clarté paraissent quand elle sort du voisinage du soleil, comme des charbons qui sortent en fumant d’un foyer ardent.
Ce qu’il y a de plus surprenant, c’est que Newton a mesuré la ligne que décrit cette fumée de la comète, et de combien elle est moins courbe quand la comète remonte dans sa ligne elliptique ; et il a fait voir que cette traînée de lumière était continuellement renouvelée.
Si dans une philosophie toute mathématique, toute fondée sur l’expérience et le calcul, il est permis d’avancer des probabilités, je dirai que Newton a soupçonné dans les comètes une fin et un usage fort contraires à ce qui était établi par la superstition de tous les temps.
Loin que les comètes soient dangereuses, loin qu’elles doivent exciter la crainte, elles sont, selon lui, de nouveaux bienfaits du Créateur. Les hommes, qui, par je ne sais quelle fatalité, représentent toujours la Divinité malfaisante, les regardaient comme des signes de colère et comme des présages de destruction. Newton, au contraire, les regarde avec raison comme des effets de la bonté divine, et physiquement nécessaires aux mondes dans le voisinage desquels elles voyagent ; il soupçonne que les vapeurs qui sortent d’elles sont attirées dans les orbites des planètes, et servent à renouveler l’humidité de ces globes terrestres, qui diminue toujours. Il pense encore que la partie la plus élastique et la plus subtile de l’air que nous respirons nous vient des comètes. Il a surtout, ce me semble, grande raison de croire qu’elles renouvellent quelquefois la substance du soleil. La courbe qu’elles décrivent, la proximité où elles sont souvent de cet astre, rendent cette opinion plus que probable. Il me semble que c’est deviner en sage, et que si c’est se tromper, c’est se tromper en grand homme.
Mais ce qui n’est, ce me semble, ni deviner ni se tromper, c’est de conclure de la route des comètes que le plein et les tourbillons sont impossibles : car plusieurs comètes ont traversé d’orient en occident, et du sud au nord, et du nord au sud les orbites des planètes ; et toute comète qui se trouve dans la région de Mars, de Jupiter ou de Saturne, va incomparablement plus vite que Mars, Jupiter et Saturne, comme je l’ai déjà dit. Donc enfin les planètes, soumises aux lois de la gravitation comme tous les autres corps, anéantissent sans réplique l’hypothèse du plein et des tourbillons.