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TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII.

Les mêmes auteurs assurent aussi que le flux et le reflux sont ordonnés de Dieu de peur que la mer ne croupisse et ne se corrompe : ils oublient encore que la Méditerranée ne croupit point, quoiqu’elle n’ait point de marée. Quand on ose assigner ainsi les raisons de tout ce que Dieu a fait, on tombe dans d’étranges erreurs. Ceux qui se bornent à calculer, à peser, à mesurer, se trompent souvent eux-mêmes : que sera-ce de ceux qui ne veulent que deviner[1] ?

CHAPITRE XII.[2]


Théorie de la lune et du reste des planètes. — Pourquoi la lune tourne plus vite autour de la terre que la terre autour du soleil. Elle ne nous montre jamais que le même côté. Pourquoi l’année de la lune n’est que de 354 jours. Ses divers mouvements. Mouvements des apsides en 9 ans. Celui des nœuds en 19 ans. La lune va plus vite qu’elle n’allait autrefois. Elle pèse sur le soleil quarante fois moins que la terre. Pesanteur des corps à la superficie de la lune. Grosseur et masse de Jupiter. Pesanteur et chute des corps sur Jupiter. Plan élevé à l’équateur, aplati aux pôles. Ses satellites. Comment de Saturne on voit le soleil. Sa densité. Remarque sur la densité des planètes. Pesanteur des corps sur Saturne et de ce globe sur le soleil. Dérangement entre les orbites de Saturne et de Jupiter assez sensible et causé par l’attraction.


La lune, qui est le satellite de la terre, n’en est éloignée que d’environ quatre-vingt-dix mille lieues, dans sa moyenne distance.

  1. Dans l’édition de 1756 et dans ses réimpressions, le chapitre se terminait ainsi :

    « On ne poussera pas ici plus loin les recherches sur la gravitation. Cette doctrine était encore toute nouvelle quand l’auteur l’exposa en 1736. Elle ne l’est plus ; il faut se conformer au temps. Plus les hommes sont devenus éclairés, moins il faut écrire. »

    Sur la première phrase, les éditeurs de Kehl avaient mis en note :

    « Observons ici que l’on doit encore à Newton d’avoir prouvé que les comètes sont des planètes qui décrivent autour du soleil des ellipses assez allongées pour être confondues avec des paraboles dans toute l’étendue où les comètes sont visibles. Ainsi une seule apparition ne suffit point pour déterminer l’orbite entière et prédire le retour d’une comète, qui n’a été vue qu’une fois. Halley, disciple de Newton, a calculé l’orbite de quelques comètes dont la période était à peu près connue, parce qu’elles avaient été vues deux fois, et a essayé d’en déterminer le retour en ayant égard aux perturbations causées par les planètes près desquelles passent les comètes. Une de ces planètes devait reparaître en 1759 ; elle a reparu réellement à très-peu près à l’époque où elle devait paraître d’après les calculs de ses perturbations faits par M. Clairaut, suivant une méthode beaucoup

  2. En lisant ce chapitre et les deux suivants, on ne doit point oublier que Voltaire les supprima en 1756 (voyez l’Avertissement de Beuchot, page 397), à cause des fautes qu’ils contiennent, et que l’on n’a pas toutes indiquées.