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THÉORIE DU MONDE.

planètes : elle tourne dans une ellipse qui la met dans son périhélie près d’un tiers plus près que dans son aphélie ; telle est, à peu près, la courbe qu’elle décrit (figure 58).

Mercure est à peu près vingt-sept fois plus petit que la terre ; il tourne autour du soleil en 88 jours, ce qui fait son année. Sa révolution sur lui-même, qui fait son jour, est inconnue ; on ne peut assigner ni sa pesanteur, ni sa densité. On sait seulement que si Mercure est précisément une terre comme la nôtre, il faut que la matière de ce globe soit environ huit fois plus dense que la nôtre, pour que tout n’y soit pas dans un degré d’effervescence qui tuerait en un instant des animaux de notre espèce, et qui ferait évaporer toute matière de la consistance des eaux de notre globe.

Voici la preuve de cette assertion. Mercure reçoit environ 7 fois plus de lumière que nous, à raison du carré des distances, parce qu’il est environ 2 fois 2/3 plus près du centre de la lumière et de la chaleur ; donc il est 7 fois plus échauffé, toutes choses égales. Or, sur notre terre, la grande chaleur de l’été étant augmentée environ 7 à 8 fois fait incontinent bouillir l’eau à gros bouillons ; donc il faudrait que tout fût environ 7 fois plus dense qu’il n’est, pour résister à 7 ou 8 fois plus de chaleur que le plus brûlant été n’en donne dans nos climats ; donc Mercure doit être au moins 7 fois plus dense que notre terre, pour que les mêmes choses qui sont dans notre terre puissent subsister dans le globe de Mercure, toutes choses égales. Au reste, si Mercure reçoit environ 7 fois plus de rayons que notre globe, parce qu’il est environ 2 fois 2/3 plus près du soleil, par la même raison le soleil paraît, de Mercure, environ 7 fois plus grand que notre terre.

VÉNUS.

Après Mercure est Vénus, à vingt-un ou vingt-deux millions de lieues du soleil dans sa distance moyenne ; elle est grosse comme la terre ; son année est de 224 jours. On ne sait pas encore ce que c’est que son jour, c’est-à-dire sa révolution sur elle-même[1]. De très-grands astronomes croient ce jour de 25 heures, d’autres le croient de 25 de nos jours. On n’a pas pu encore faire des observations assez sûres pour savoir de quel côté est l’erreur ; mais cette erreur, en tout cas, ne peut être qu’une méprise des yeux, une erreur d’observation, et non de raisonnement.

  1. Schrœter a trouvé 23 heures 21 minutes. (D.)