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TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI.

est 1 ; le cube de la distance du soleil 38,272,753 : achevez la règle, et dites : Comme le cube 1 est à ce nombre cube 38,272,753, ainsi le carré de 28, qui est la révolution périodique de la lune, est à un quatrième nombre ; vous trouverez que le soleil mettrait 475 ans, au lieu d’une année, à tourner autour de la terre : il est donc démontré que c’est la terre qui tourne.

Il semble d’autant plus à propos de placer ici ces démonstrations qu’il y a encore des hommes destinés à instruire les autres en Italie, en Espagne, et même en France, qui doutent, ou qui affectent de douter du mouvement de la terre.

Il est donc prouvé, par la loi de Kepler et par celle de Newton, que chaque planète gravite vers le soleil, centre de l’orbite qu’elles décrivent : ces lois s’accomplissent dans les satellites de Jupiter par rapport à Jupiter, leur centre ; dans les lunes de Saturne, par rapport à Saturne ; dans la nôtre, par rapport à nous : toutes ces planètes secondaires, qui roulent autour de leur planète centrale, gravitent aussi avec leur planète centrale vers le soleil ; ainsi la lune, entraînée autour de la terre par la force centripète, est en même temps attirée par le soleil, autour duquel elle fait aussi sa révolution. Il n’y a aucune variété dans le cours de la lune, dans ses distances de la terre, dans la figure de son orbite, tantôt approchante de l’ellipse, tantôt du cercle, etc., qui ne soit une suite de la gravitation en raison des changements de sa distance à la terre, et de sa distance au soleil.

Si elle ne parcourt pas exactement dans son orbite des aires égales en temps égaux. M. Newton a calculé tous les cas où cette inégalité se trouve : tous dépendent de l’attraction du soleil ; il attire ces deux globes en raison directe de leurs masses, et en raison inverse du carré de leurs distances. Nous allons voir que la moindre variation de la lune est un effet nécessaire de ces pouvoirs combinés.


CHAPITRE VI.
Nouvelles preuves de l’attraction. Que les inégalités du mouvement et de l’orbite de la lune sont nécessairement les effets de l’attraction. — Exemple en preuve. Inégalités du cours de la lune, toutes causées par l’attraction. Déduction de ces vérités. La gravitation n’est point l’effet du cours des astres, mais leur cours est l’effet de la gravitation. Cette gravitation, cette attraction peut être un premier principe établi dans la nature.


La lune n’a qu’un seul mouvement égal, c’est sa rotation autour d’elle-même sur son axe, et c’est le seul dont nous ne nous