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DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII.


LETTRE DE L’AUTEUR,
QUI PEUT SERVIR DE DERNIER CHAPITRE À LA THÉORIE DE LA LUMIÈRE.


J’aurais eu l’honneur de vous répondre plus tôt, monsieur, sans les maladies continuelles qui exercent plus ma patience que

    rayons qui ont chacun leur réfrangibilité : chacun de ces rayons a son sinus ; chacun de ces sinus a sa proportion avec le sinus commun d’incidence ; observez ce qui se passe dans ces sept traits primordiaux, qui s’échappent en s’écartant dans l’air.

    « Il ne s’agit pas ici de considérer que dans ce verre même tous ces traits sont écartés, et que chacun de ces traits y prend un sinus différent : il faut regarder cet assemblage de rayons dans le verre comme un seul rayon, qui n’a que ce sinus commun A B ; mais à l’émergence de ce cristal, chacun de ces traits s’écartant sensiblement, prend chacun son sinus différent ; celui du rouge (rayon le moins réfrangible) est cette ligne C B, celui du violet (rayon le plus réfrangible) est cette ligne C B D (figure 44).

    « Ces proportions posées, voyons quel est ce rapport, aussi exact que singulier, entre les couleurs et la musique. Que le sinus d’incidence du faisceau blanc des rayons soit au sinus d’émergence du rayon rouge, comme cette ligne A B est à la ligne A B C.

    Sinus donné dans le verre A B.
    Sinus donné dans l’air A B C.

    « Que ce même sinus A B d’incidence commune soit au sinus de réfraction du rapport violet comme la ligne A B est à la ligne A B C D.

    A Vous voyez que le point C leB

    A Vous voyez que le point C leBVous voyez queCVous voyez queD

    « Vous voyez que le point C est le terme de la plus petite réfrangibilité, et D le terme de la plus grande : la petite ligne C D contient donc tous les degrés de réfrangibilité des sept rayons. Doublez maintenant C D ci-dessus, en sorte que I en devienne le milieu, comme ci-dessous :

    A Vous voyez que le point C leIVMICVMIHVMIGVMIFVMIEVMIBVMID.

    « Alors la longueur depuis A en C fait le rouge : la longueur de A en H fait l’orangé ; de A en G, le jaune ; de A en F, le vert ; de A en E, le bleu ; de A en B, le pourpre ; de A en D, le violet. Or, ces espaces sont tels que chaque rayon peut bien être réfracté, un peu plus ou moins, dans chacun de ces espaces, mais jamais il ne sortira de cet espace qui lui est prescrit ; le rayon violet se jouera toujours entre B et D ; le rayon rouge, entre C et I ; ainsi du reste, le tout en telle proportion que si vous divisiez cette longueur depuis I jusqu’à D, en trois cent soixante parties, chaque rayon aura pour soi les dimensions que vous voyez dans la grande figure ci-jointe [Voyez à la fin de la note.]

    « Ces proportions sont précisément les mêmes que celles des tons de la musique : la longueur de la corde qui étant pincée fera est à la corde qui donnera l’oc-