L’arc-en-ciel, ou l’iris, est une suite nécessaire des propriétés de la lumière que nous venons d’observer. Nous n’avons rien
senti dans cette opinion des difficultés insurmontables, il ne s’est jamais expliqué sur cet objet d’une manière précise.
Plusieurs auteurs n’ont admis que quatre couleurs : ils supprimaient les trois couleurs intermédiaires, pourpre, vert, et orangé, comme produites par le mélange des deux couleurs voisines ; ils étaient confirmés dans leur opinion par des expériences où on ne voit réellement que quatre couleurs ; mais cette opinion est peu fondée : le bleu et le jaune font, à la vérité, du vert ; mais, si vous regardez sur un carton, à travers un prisme, le vert formé par l’union des rayons jaunes et bleus, les deux couleurs se séparent ; mais si vous regardez sur ce même carton, à travers un prisme, l’image éclairée par les rayons verts d’un autre prisme, vous allongerez l’image, mais elle restera verte.
Le prisme ne donne quatre couleurs seulement que lorsque la lumière est faible, ou trop peu étendue par le prisme ; et si elle était encore plus faible, si l’image était moins étendue, on ne verrait qu’un spectre d’un blanc sale ou rougeâtre. C’est ainsi que la lumière d’une étoile paraît à travers un prisme. Si vous armez le prisme d’une forte lunette, alors le spectre de l’étoile vous montrera distinctement jusqu’à quatre couleurs, rouge, jaune, bleu, et violet ; avec une lunette plus faible, le jaune et le blanc disparaissent, et l’on voit du vert à la place. On doit à M. l’abbé Rochon ces expériences sur la lumière des étoiles, qui prouvent que cette lumière est de même nature que celle du soleil, que celle des corps terrestres embrasés.
Non-seulement la réfraction est différente dans les différents milieux, mais la différence de la réfrangibilité des différents rayons n’est point proportionnelle dans ces milieux à la réfraction. Il en résulte que l’on peut, en combinant différents milieux, former des prismes où les rayons se réfractent sans se séparer, et détruire les couleurs dans les lunettes en employant des lentilles composées de plusieurs verres de différente nature. Cette idée, que l’on doit à M. Euler, a produit les lunettes achromatiques que plusieurs artistes habiles ont portées à un très-grand degré de perfection. M. l’abbé Rochon a trouvé, en appliquant les lunettes aux prismes, des moyens de mesurer avec une grande précision le rapport de la force réfractive des différents milieux avec leur force dispersive : précision nécessaire pour la théorie des lunettes et pour leur construction.
Il y a des substances qui ont une double réfraction, en sorte que les objets qu’on regarde à travers un prisme formé de ces substances paraissent doubles. Tel est le cristal de roche, le cristal d’Islande ; et ces substances ont vraisemblablement cette propriété parce qu’elles sont composées de lames hétérogènes placées les unes sur les autres ; du moins on produit le même phénomène avec des verres artificiels ainsi disposés. Cette double réfraction a été employée avec beaucoup de succès par