Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DEUXIÈME PARTIE.
PHYSIQUE NEWTONIENNE.


INTRODUCTION.

Mon principal but, dans la recherche que je vais faire, est de me donner à moi-même, et peut-être à quelques lecteurs, des idées nettes de ces lois primitives de la nature que Newton a trouvées. J’examinerai jusqu’où on a été avant lui, d’où il est parti, où il s’est arrêté, et quelquefois ce qu’on a encore trouvé après lui-même. Je commencerai par la lumière, qu’il a seul bien connue ; je finirai par l’examen de la pesanteur, et de cette loi générale de la gravitation ou de l’attraction, ressort universel de la nature, dont on ne doit qu’à lui la découverte.

[1]On tâchera de mettre ces Éléments à la portée de ceux qui ne connaissent de Newton et de la philosophie que le nom seul. La science de la nature est un bien qui appartient à tous les hommes. Tous voudraient avoir connaissance de leur bien, peu ont le temps ou la patience de le calculer ; Newton a compté pour eux. Il faudra ici se contenter quelquefois de la somme de ces calculs. Tous les jours un homme public, un ministre, se forme une idée juste du résultat des opérations que lui-même n’a pu faire ; d’autres yeux ont vu pour lui, d’autres mains ont travaillé, et le mettent en état, par un compte fidèle, de porter son jugement. Tout homme d’esprit sera à peu près dans le cas de ce ministre.

  1. Cet alinéa et le suivant faisaient, en 1738, partie de l’Avant-propos à Mme  du Châtelet ; voyez la note, page 400.