d’être toujours écrit avec politesse. Il ne faut répondre à ces injustices, dont sans doute leurs auteurs rougiront un jour, que ce que répondit le P. Bouhours à Ménage. Il recueillit une centaine d’injures que Ménage lui avait dites, et il mit au bas : « Il faut convenir que M. Ménage est un homme bien poli. »
On ne saurait encore trop avertir le public d’un abus bien contraire à la société civile, qui s’accrédite depuis quelques années. Plusieurs personnes qui font métier d’envoyer des nouvelles, soit politiques, soit littéraires, en Hollande, étant souvent mal informées, inspirées par de mauvais conseils ou par le désir dangereux de mieux faire valoir leurs nouvelles, écrivent quelquefois des choses également contraires à la vérité et à la probité. Ces mensonges, qui ne peuvent être imprimés à Paris, grâce à la sage vigilance des magistrats, sont quelquefois imprimés dans huit ou neuf journaux français, et plus de vingt gazettes françaises qui se composent en pays étranger; ainsi une imposture fait bientôt le tour de l’Europe, et ces fausses nouvelles sont devenues réellement une branche du commerce.
C’est un inconvénient attaché au progrès des belles-lettres, et peut-être y aurait-il un plus grand inconvénient à le détruire tout à fait. Le public n’y peut apporter d’autre remède qu’une défiance extrême en lisant ces ouvrages ; et c’est ainsi presque toujours qu’il faut tout lire.
Je ne répondrai point ici à toutes ces objections que l’on fait en France contre les vérités indiquées dans les Éléments de Newton. Je dirai seulement avec le journal de Trévoux que, pour attaquer la plupart des choses que j’ai expliquées, il faut attaquer Newton lui-même, et que ce n’est pas une petite entreprise.