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MÉMOIRE.

beaucoup d’additions et de corrections absolument nécessaires.

Je souhaite que les éditeurs d’Amsterdam se conforment entièrement à cette édition, qui est sous le nom de Londres, et qu’on observe d’en corriger les fautes très-grandes qui se trouvent réformées dans l’errata. Moyennant cette attention, les libraires de Hollande auront leur édition complète. Je ne prends aucun parti entre les intérêts des libraires de France et de Hollande. J’achète comme les autres l’édition qui me paraît la meilleure. Tout ce que je demande c’est que le public soit servi avec exactitude, et que les libraires se donnent la peine de faire des cartons quand il le faut. Une faute à laquelle le lecteur supplée aisément a besoin tout au plus d’un errata ; mais quand elle est considérable, il faut un carton. Ce que je dis ici est uniquement pour la perfection des arts à laquelle on doit toujours tendre.

Je me suis aperçu en dernier lieu, par mon expérience et par celle des personnes qui lisaient avec moi la géométrie et les mathématiques du grand philosophe M. Vollius, édition de Genève, 1732, combien il est désagréable d’avoir si souvent des erreurs de calcul, et d’être obligé de consulter à chaque instant un errata de huit pages entières, tandis que dans le tome de l’Infini de M. de Fontenelle, il n’y a qu’une seule faute d’impression.

Beaucoup d’erreurs viennent aussi des copistes ; et voilà pourquoi la plupart des livres imprimés loin des yeux de l’auteur fourmillent de tant de fautes.

Ces inconvénients en attirent encore un autre très-fréquent : ceux qui travaillent à cette multitude de journaux dont l’Europe est remplie n’ont pas toujours l’équité de distinguer entre les fautes qu’on peut attribuer à l’auteur et celles qu’on peut imputer à l’éditeur ; et de là viennent des pages entières d’invectives, de railleries, souvent même d’accusations les plus graves. On m’a fait voir par hasard, depuis peu, un ancien journal où il y a une longue dissertation très-amère contre moi, sur ce que j’avais dit, à ce qu’on prétend, que le P. Malebranche admit les idées innées. Si l’auteur de ces invectives avait daigné lire n’admit point[1], qui fait un sens avec le reste de la phrase, au lieu d’admit, qui n’en fait point, il se serait épargné le repentir d’avoir dit des injures injustes à un honnête homme qu’il ne connaît pas. Il en est ainsi de la personne qui vient d’insérer des invectives, sous le nom d’un libraire, dans le Journal des Savants, mois de juin, édition d’Amsterdam, et qui veut ravir à ce journal la gloire qu’il a eue

  1. Voyez la note 9 de la page 122.