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LE PRÉSERVATIF.

Il ne voit pas que, dans cette expression, il y a à la fois de la vérité et de l’imagination, et que par conséquent elle est belle.

Il reprend le P. Catrou[1] d’avoir dit que les pourceaux paissent le gland, et il ajoute qu’ils paissent encore quelque chose qu’il ne peut pas dire. C’est ainsi qu’avec la plus basse des grossièretés il reprend une expression noble ; mais revenons aux Observations.

X.

Nombre 197. En faisant l’extrait d’une certaine harangue latine de M. Turretin, il se plaint de la disette des Mécènes, et de la malheureuse situation des savants ; et il répète cette plainte dans tous ses livres.

Il devrait savoir que jamais les sciences n’ont été plus encouragées en France. Le voyage au pôle et à l’équateur, entrepris à si grands frais ; les pensions données à M. de Réaumur, à M. de Voltaire, à nos meilleurs auteurs, et en dernier lieu à M. de Crébillon, en sont une preuve. Il est vrai qu’un homme qui n’a de mérite que celui de la satire est très-méprisé parmi nous, et est souvent puni au lieu d’être récompensé ; et cela est très-juste.

XI.

Nombre 185. Un homme de goût[2] avait trouvé peu de justesse dans cette phrase de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre, par M. Bossuet : « L’Angleterre… plus agitée en sa terre et dans ses ports mêmes que l’Océan qui l’environne… » Il est clair qu’agitée en sa terre n’est pas une bonne expression ; il est clair que s’il y a de l’agitation, elle doit être dans les ports, comme au milieu des terres, et que cette phrase n’est pas digne de l’éloquent et admirable Bossuet.

L’Observateur se moque du goût de celui qui a repris avec raison cette phrase : ainsi l’Observateur se trompe, et quand il approuve et quand il condamne.

XII.

Nombre 202. En rendant compte du voyage de messieurs les académiciens au cercle polaire : « Vénus, dit-il, a été observée

    pas la seule différence que présente la version qu’on en lit page 73 et suivantes du tome VI de la Continuation des mémoires de littérature et d’Histoire, par le P. Desmolets.

  1. Jésuite. Fondateur du Journal de Trévoux (1659-1737).
  2. L’abbé Leroy, auteur de la Lettre d’un provincial à un ami, sur le discours (latin) de M. Crevier, 1738.