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LETTRE DE M. THIERIOT.

nelle dans le parterre, où ils étaient forcés d’entendre vos vers, disaient :

Pauvre Nadal, à quoi bon tant de peines !
Tu serais bien sifflé sans tout cela[1].

D’autres citaient les satires de M. Rousseau, dans lesquelles vous tenez si dignement la place de l’abbé Pic[2].

Enfin, monsieur, il n’y avait ni grand ni petit qui ne vous accablât de ridicule ; et moi, qui suis naturellement bon, je sentais une vraie peine de voir un vieux prêtre[3] si indignement vilipendé par la multitude ; j’en ai encore de la compassion pour vous, malgré les injures que vous me dites, et même malgré vos ouvrages ; et je vous assure que je suis du meilleur de mon cœur tout à vous.

Tiriot[4].

À Paris, ce 20 mars 1725.


ESSAI
SUR LA POÉSIE ÉPIQUE
(1726)



ESSAI
SUR LES GUERRES CIVILES DE FRANCE
(1727)


Nota. Ces deux ouvrages sont dans le tome VIII, à la suite de la Henriade.
  1. Imitation des deux derniers vers de l’épigramme de Rousseau (II, 6) :

    Eh ! mon ami, ne prends point tant de peines,
    Tu serois bien cocu sans tout cela.

  2. L’abbé Picque, que pour la mesure du vers J.-B. Rousseau appelait Pic, n’est connu que sous ce dernier nom, qu’il a dans les épigrammes de Rousseau. Il était mort en 1712.
  3. Augustin Nadal, né en 1659, avait alors soixante-six ans. Il est mort en 1741, à quatre-vingt-deux ans.
  4. Voltaire écrivait toujours ce nom ainsi.