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ESSAI SUR LA NATURE DU FEU

Une autre table sert pour les métaux en fusion.

La première colonne marque le temps qu’il a fallu pour fondre les divers métaux à feu égal, en vase égal ;

La seconde, les degrés où s’est élevé le thermomètre, depuis la marque 0, à égale distance des métaux fondus.

Je fais la même opération pour les calcinations.

À l’égard des plantes, je fais couper en un même jour des branches de tous les arbres d’une pépinière ; j’en fais tourner au tour des morceaux d’égale dimension, et, les rangeant tous sur une plaque de fer poli, également épaisse, rougie au feu également, j’observe avec une pendule à secondes les temps où chaque morceau est réduit en cendre, et il y a entre ces temps des différences très-considérables[1].

J’en fais autant avec les légumes.

Mais, s’il est utile de savoir quel degré de feu est nécessaire pour détruire, il ne l’est pas moins de savoir quel degré il faut pour animer, et quel feu et quel froid peuvent soutenir les animaux et les plantes : par exemple, quel degré de feu peut faire mûrir le blé, et en combien de temps quel degré de feu le fait périr.

C’est de quoi je prépare encore une table, et je joindrai toutes ces tables à ce petit Essai, si messieurs de l’Académie le jugent digne de l’impression, et s’ils pensent que l’utilité de ces opérations puisse suppléer aux défauts de l’écrit[2].

ARTICLE IV.
de la communication du feu ; comment et en quelle proportion le feu se communique d’un corps à un autre.

Les lois du mouvement doivent toujours nous servir de règle. Un corps en mouvement, qui choque un corps en repos, perd de son mouvement autant qu’il en donne : il en est ainsi du feu qui échauffe un corps quelconque.

Tout corps échauffé communique sa chaleur également et en tout sens aux corps environnants, c’est-à-dire leur donne le feu qui est dans lui, jusqu’à ce qu’eux et lui soient à un même degré de température.

  1. Ces méthodes, assez remarquables pour l’époque, sont sans précision et ne suffiraient pas aujourd’hui. (D.)
  2. M. de Voltaire n’a point publié les tables qu’il annonce ici ; ce fut vers ce temps qu’il renonça aux sciences physiques. (K.)