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ET SUR SA PROPAGATION.

CINQUIEME LOI.

Tous les corps sont échauffés et raréfiés par un feu égal, plus lentement d’abord, ensuite plus rapidement, puis avec plus grande célérité ; et de ce point de plus grande célérité ils se raréfient tous d’autant plus lentement qu’ils approchent plus du dernier terme de leur expansion.

Par exemple, dans les expériences faites à l’aide du pyromètre :


Le plomb se raréfie à feu égal, d’abord, Le fer se raréfie,
En 05 secondes, de 05  degrés. En 09 secondes, de 1  degré.
En 09 secondes, de 10 En 15 secondes, de 2
En 13 secondes, de 15 En 18 secondes, de 3
En 15 secondes, de 20

Puis cette célérité de dilatation croissant toujours, le temps depuis la 28e seconde jusqu’à la 36e est l’époque de la plus grande vitesse de l’action du feu ; et depuis ce terme de la 36e seconde, les degrés de dilatation arrivent toujours plus lentement.

Cette cinquième loi dépend évidemment de la force de cohésion des parties constituantes des corps.

Cette cohérence est d’autant plus grande que le corps est plus froid, et le dernier degré de froid (s’il était possible de le trouver) serait le plus grand degré de cohérence possible. Or, dans l’air froid, le corps, étant plus refroidi à sa surface que dans sa substance, oppose à l’action du feu une écorce plus serrée : c’est pourquoi un feu égal emploie neuf secondes à échauffer le fer d’un seul degré.

Mais les pores de cette première écorce étant ouverts, ceux de la seconde écorce sont aussi un peu ouverts, parce qu’ils ont reçu déjà des particules de feu : le feu égal opère donc en 18 secondes une expansion de trois degrés, qu’il n’eût produite qu’en 27 secondes s’il avait eu pareille résistance à vaincre ; ensuite quand le feu a, par son mouvement séparé, divisé toutes les parties de cette masse, il en a élargi tous les pores ; la réaction de toutes les parties solides plus écartées en est moins forte ; alors pareille quantité de feu n’étant plus suffisante pour distendre ces pores devenus plus grands, il faut qu’il arrive dans ces pores une portion de feu plus considérable : or, la matière qui produit ce feu étant toujours supposée la même, une plus grande quantité de matière ignée ne peut être fournie en temps égaux ; donc le même feu doit toujours agir plus lentement jusqu’au terme où la