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ET SUR SA PROPAGATION.

un choc violent qui ébranle ces mille lamines, et que ce choc réitéré augmente cent fois le ressort de chaque partie de feu : ces atomes de feu, qui ne pouvaient agir auparavant vu le poids dont ils étaient accablés, prennent une force égale à celle des mille lamines ; que ce ressort soit augmenté encore, on voit aisément comment enfin cette centième partie de feu, contenue dans cette masse, l’enflammera toute, et la dissipera à la fin, sans qu’il y soit intervenu une seule particule de feu étranger.

Les corps sont donc échauffés, enflammés, consumés, ou par le feu qui est en eux, et dont on a augmenté le mouvement, ou par la quantité d’un feu étranger qu’on leur a appliqué, et qui par son mouvement vient agir sur ces corps ; et, dans les deux cas, le feu agit toujours par les lois du mouvement[1].

ARTICLE  III.
proportions dans lesquelles le feu embrase
un corps quelconque
.

On a essayé, dans ce troisième article, de rassembler quelques lois générales sur les proportions dans lesquelles le feu agit.

PREMIÈRE LOI.

Le feu étant un corps, et agissant sur les autres corps par sa masse et par son mouvement, selon les lois du choc, « il communique son mouvement aux corps homogènes, suivant une loi qui dépend de leur grosseur ». Soit une lamine de plomb échauffée, dilatée comme 154, par un feu donné ; une autre lamine de même longueur, deux fois aussi large, deux fois aussi haute, et pesant ainsi le quadruple de la première, acquiert 109 degrés de chaleur en temps égal, à feu égal, selon les expériences faites au pyromètre.

Le carré des degrés de chaleur est à peu de chose près comme la racine des pesanteurs de ces lamines. La racine de la pesanteur de la dernière lamine est à celle de la première comme 2 est à 1 ; et les carrés de leurs degrés de chaleur sont aussi comme 2 à 1, ou peu s’en faut[2].

  1. Ce chapitre est remarquable de tous points. Cet exemple des lamines de fer s’explique en considérant la chaleur comme résultant du mouvement d’un fluide. Voltaire ne le voit pas ; il sent, malgré lui, sa présence. (D.)
  2. Cette loi est fausse. (D.)