Les rayons du soleil, ou le feu ordinaire, ajoutent une nouvelle substance de matière ignée à ce fer ; l’attrition causée par un caillou n’y ajoute que du mouvement sans nouvelle matière. Ce mouvement seul fait un si grand effet par les vibrations qu’il excite dans ce fer qu’une partie de lui-même en tombe incontinent brûlante, lumineuse, et vitrifiée.
L’action presque instantanée des rayons du soleil par le plus grand miroir ardent produit un effet entièrement semblable.
Il faut voir à présent si une nouvelle quantité de traits de feu qui pénètrent dans un mixte agit par le nombre de ses traits et par le mouvement avec lequel chaque trait pénètre ce mixte ; ou bien si cette force augmente encore par l’action de ces traits les uns sur les autres.
Par exemple mille rayons arrivent d’un verre ardent à un morceau de bois ; dans le foyer de ce verre ardent, je demande si ces mille rayons agissent seulement par leur masse multipliée par leur vitesse (on n’entre point ici dans la question si la force est mesurée par la masse multipliée par le carré de la vitesse), ou si à cette action il faut encore ajouter une force résultante de l’action mutuelle de ces rayons les uns sur les autres.
Il paraît probable que la masse seule des rayons, multipliée par leur vitesse, sans autre augmentation, fait tout l’effet du verre ardent : car s’il y avait une autre action quelconque, cette action ne pourrait être que latérale, c’est-à-dire que les rayons augmenteraient mutuellement leur puissance en se touchant par les côtés ; mais cette prétendue action ne ferait que détourner les rayons qui vont tous en ligne droite, et par conséquent affaiblirait leur pouvoir au lieu de le fortifier. Plusieurs coins enfoncés à la fois dans un morceau de bois, plusieurs flèches lancées à la fois dans un rond se nuiront si elles se touchent ; et comment agiront-elles sensiblement les unes sur les autres, si elles ne se touchent pas ?
J’ajouterai encore que si les rayons du feu augmentaient leur force par cette action mutuelle (ce qui n’est pas assurément conforme aux lois mécaniques), les rayons de la lune, reçus sur un miroir ardent, sembleraient devoir au moins faire sentir quelque chaleur à leur foyer, mais c’est ce qui n’arrive jamais : donc on paraît très-bien fondé à penser que les rayons n’agissent point réciproquement l’un sur l’autre en partant d’un même lieu, et allant frapper le même corps. Il s’en faut beaucoup que le nombre des traits de flamme qui pénètrent un corps reçoive une nouvelle action par leur agitation mutuelle.
Qu’on mette sous un métal quelconque une mèche allumée