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SUR LA PHILOSOPHIE DE NEWTON.

aux plus sublimes mathématiques ne lui laissait pas le temps de se transporter dans la métaphysique, à laquelle le géomètre et le physicien ont besoin quelquefois d’avoir recours, La solution de ce problème se trouve encore très-aisément par les mêmes explications que j’apporte. Elles sont tirées d’un petit traité sur la Théorie de la vision, écrit par M. Berkeley, évêque de Cloyne ; il est imprimé à la suite des Dialogues sur la religion chrétienne contre les incrédules, ouvrage plein de la plus pressante dialectique, et que, par la plus absurde méprise qu’on puisse concevoir, l’auteur d’une feuille, sous le nom d’Observations sur les écrits modernes, traite de livre impie et d’ouvrage de libertin. J’apprends que plusieurs philosophes anglais sont mécontents de moi parce que je me suis servi des principes de ce prélat. Il a eu le malheur d’écrire contre Newton, et de lui reprocher mal à propos quelques sophismes. Il a traité les géomètres anglais de gens incrédules dans la religion, et trop crédules dans la géométrie de l’infini, qu’il a combattu : ils se sont tous réunis contre lui.

Mais faut-il, parce qu’il se sera trompé dans un point, qu’il ait tort dans tous les autres ? Faudra-t-il haïr le vrai parce qu’un homme qu’on n’aime point nous le présente ? J’ose dire que, dans sa Théorie de la vision, la profondeur et la subtilité ne se trouvent point aux dépens de la vérité,

4° J’aurais encore beaucoup de choses à dire sur la première partie de mon livre qui regarde la lumière, et sur la table des rapports entre les tons de la musique et les couleurs primitives ; sur des fautes considérables qui se sont glissées dans l’édition de Hollande ; mais ces discussions mèneraient trop loin, et je viens d’envoyer aux libraires hollandais les corrections dont.le livre avait besoin.

5° Je passe à la partie qui regarde la grande découverte de l’attraction, et ce qu’on appelle le système planétaire. Apparemment que les libraires de Hollande, parmi plusieurs additions que je leur ai envoyées, n’ont point reçu celle dont je vais parler ici, et qui est une des plus fortes démonstrations qu’on puisse apporter contre les tourbillons.

sur les preuves contre l’existence des tourbillons.

Il est prouvé que si un corps nage dans un fluide, le fluide et le corps sont en équilibre, sont de même densité.

Mais Newton a démontré qu’un corps, mû dans un fluide de même densité que lui, perd la moitié de sa vitesse avant d’avoir