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LETTRE À M. D***.


 Monuments, de Louis éternisez le zèle.


M. l’abbé du Jarry est le premier qui ait ainsi employé le mot de monument au vocatif sans épithète ; il aurait du moins sauvé cette faute s’il avait mis :


Monuments de Louis, éternisez son zèle.

Je vois parmi les dons de nos chrétiens monarques.


On dit bien un monarque chrétien, mais non pas un chrétien monarque.


Le Dieu de paix préfère un pacifique hommage.


On ne sait si l’épithète de pacifique convient si bien à un vœu qui n’a été fait que pour remercier Dieu de la défaite des Espagnols.


À ceux que de la guerre ensanglante l’image.


Il veut parler des drapeaux qui sont à Notre-Dame ; mais en vérité n’est-ce que l’image de la guerre qui les ensanglante ? Il me semble que c’est bien la guerre elle-même ; et la plupart des drapeaux sont réellement teints du sang des ennemis. On remarque à propos de ce vers que le propre d’un grand poëte est d’ennoblir des choses les plus communes ; et le propre d’un rimeur est d’avilir les choses les plus nobles.


Un monarque pieux, vraiment roi très-chrétien.


Avant M. l’abbé du Jarry on n’avait jamais mis roi très-chrétien en vers.


Vois son peuple avec lui devant toi prosterné
Lui demander encore un roi par lui donné.


Voilà trois lui qui font pour le moins deux équivoques dans ces deux vers. Expliquons la chose le plus favorablement que nous pourrons : M. l’abbé du Jarry ne se serait jamais douté qu’il aurait des commentateurs : Sainte Vierge, vois le peuple de Louis prosterné avec lui demander à ton fils, dont il est parlé huit vers auparavant, le roi par lui donné.

On doute si on peut demander une chose dont on est déjà en