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SUR LE COMMERCE.


Un homme, parce qu’il est noble ou parce qu’il est prêtre[1], n’est point[2] ici exempt de payer certaines taxes ; tous les impôts sont réglés par la Chambre des Communes, qui, n’étant que la seconde par son rang, est la première par son crédit.

Les seigneurs et les évêques peuvent bien rejeter le bill des Communes[3] lorsqu’il s’agit de lever de l’argent, mais il ne leur est pas permis d’y rien changer ; il faut ou qu’ils le reçoivent ou qu’ils le rejettent sans restriction. Quand le bill est confirmé par les lords et approuvé par le roi, alors tout le monde paye ; chacun donne, non selon sa qualité (ce qui serait[4] absurde), mais selon son revenu ; il n’y a point de taille ni de capitation arbitraire, mais une taxe réelle sur les terres ; elles ont été[5] évaluées toutes sous le fameux roi Guillaume III, et mises au-dessous de leur prix.

La taxe subsiste toujours la même, quoique les revenus des terres aient augmenté ; ainsi personne n’est foulé, et personne ne se plaint. Le paysan n’a point les pieds meurtris par des sabots, il mange du pain blanc, il est bien vêtu, il ne craint point d’augmenter le nombre de ses bestiaux ni de couvrir son toit de tuiles, de peur que l’on ne hausse ses impôts l’année d’après. On y voit beaucoup[6] de paysans qui ont environ cinq ou six cent livres sterling de revenu, et qui ne dédaignent pas de continuer à cultiver la terre qui les a enrichis, et dans laquelle ils vivent libres.



LETTRE X[7].
SUR LE COMMERCE.

[8] Depuis le malheur de Carthage, aucun peuple ne fut puissant à la fois par le commerce et par

    objet des lois moins tyranniques que celles de quelques autres nations, mais très-peu libres d’un peuple qui se croit libre. (K.)

  1. C’est le texte de 1734. Des éditions postérieures portent, par une erreur évidente : « Puisqu’il est noble ou prêtre. »
  2. 1734. « Point ici. »
  3. 1734. « Des communes pour les taxes, mais. »
  4. 1734. « Est. »
  5. 1734. « Ont toutes été évaluées sous le fameux Guillaume III. »
  6. 1734. « Il y a ici beaucoup de paysans qui ont environ deux cent mille francs de bien, et qui ne dédaignent pas. »
  7. Cette lettre est une de celles qui présentent le plus de changements : à ces changements près, qui sont indiqués, elle formait l’article Commerce du Dictionnaire philosophique, dans l’édition de Kehl ; article cependant qui, dans l’in-8o, n’a place que dans l’errata. (B.)
  8. Dans la première édition, cette lettre commence ainsi :
    « Le commerce, qui a enrichi les citoyens en Angleterre, a contribué à les rendre les armes jusqu’au temps