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SUR LE GOUVERNEMENT

Après tout, regardez d’un côté Charles Ier vaincu en bataille rangée, prisonnier, jugé, condamné dans Westminster, et décapité ; et de l’autre l’empereur Henri VII empoisonné par son chapelain[1] en communiant, Henri III assassiné par un moine[2], trente assassinats médités contre Henri IV, plusieurs exécutés, et le dernier privant enfin la France de ce grand roi. Pesez ces attentats, et jugez.


LETTRE IX[3].

sur le gouvernement.

Ce mélange[4] dans le gouvernement d’Angleterre, ce concert entre les communes, les lords, et le roi, n’a pas toujours subsisté, L’Angleterre a été longtemps esclave ; elle l’a été des Romains, des Saxons, des Danois, des Français. Guillaume le Conquérant la gouverna surtout[5] avec un sceptre de fer : il disposait des biens[6], de la vie de ses nouveaux sujets comme un monarque de l’Orient ; il défendit, sous peine de mort, qu’aucun Anglais osât avoir du feu et de la lumière chez lui passé huit heures du soir, soit qu’il prétendît par là prévenir leurs assemblées nocturnes, soit qu’il voulût essayer, par une défense si bizarre, jusqu’où peut aller le pouvoir des hommes[7] sur d’autres hommes.

Il est vrai qu’avant et après Guillaume le Conquérant les Anglais ont eu des parlements : ils s’en vantent comme si ces assemblées, appelées alors parlements, composées de tyrans ecclésiastiques, et de pillards nommés barons, avaient été les gardiens de la liberté et de la félicité publique.

Les barbares qui des bords de la mer Baltique fondirent[8]

    qu’on reproche le plus en France aux Anglais, c’est le supplice de Charles Ier, qui fut, et avec raison, etc. » Et une note au bas de la page porte : « Monarque digne d’un meilleur sort. » Voyez, à ce sujet, dans la Correspondance, la lettre à Laroque, mars 1742.

  1. Politien de Montepulciano ; voyez tome XIII, page 387.
  2. 1734. « Moine, ministre de la rage de tout un parti, trente assassinats, etc. » — Ce moine est Jacques Clément ; voyez tome XII, page 536.
  3. Cette lettre formait, dans le Dictionnaire philosophique, édition Kehl, la section VII de l’article Gouvernement.
  4. 1734. « Ce mélange heureux dans le gouvernement. »
  5. 1734. « Surtout la gouverna. »
  6. 1734. « Des biens et de la vie. »
  7. 1734. « D’un homme. »
  8. 1734. « Fondaient. »