maison des Aldées ; à peine Formosante daigna les regarder. « Ah ! madame, s’écria-t-elle, examine-t-on ce qu’on désire ? Mon cœur vous en croit assez. Mais où est Aldée-Amazan ? où est mon parent, mon amant, mon roi ? où est ma vie ? quel chemin a-t-il pris ? J’irais le chercher dans tous les globes que l’Éternel a formés, et dont il est le plus bel ornement. J’irais dans l’étoile Canope, dans Sheat, dans Aldebaran ; j’irais le convaincre de mon amour et de mon innocence. »
Le phénix justifia la princesse du crime que lui imputait le merle d’avoir donné par amour un baiser au roi d’Égypte ; mais il fallait détromper Amazan et le ramener. Il envoie des oiseaux sur tous les chemins ; il met en campagne les licornes : on lui rapporte enfin qu’Amazan a pris la route de la Chine. « Eh bien ! allons à la Chine, s’écria la princesse ; le voyage n’est pas long ; j’espère bien vous ramener votre fils dans quinze jours au plus tard. » À ces mots, que de larmes de tendresse versèrent la mère gangaride et la princesse de Babylone ! que d’embrassements ! que d’effusion de cœur !
Le phénix commanda sur-le-champ un carrosse à six licornes. La mère fournit deux cents cavaliers, et fit présent à la princesse, sa nièce, de quelques milliers des plus beaux diamants du pays. Le phénix, affligé du mal que l’indiscrétion du merle avait causé, fit ordonner à tous les merles de vider le pays ; et c’est depuis ce temps qu’il ne s’en trouve plus sur les bords du Gange.
CHAPITRE XII.
Les licornes, en moins de huit jours, amenèrent Formosante, Irla, et le phénix, à Cambalu, capitale de la Chine. C’était une ville plus grande que Babylone, et d’une espèce de magnificence toute différente. Ces nouveaux objets, ces mœurs nouvelles, auraient amusé Formosante si elle avait pu être occupée d’autre chose que d’Amazan.
Dès que l’empereur de la Chine eut appris que la princesse de Babylone était à une porte de la ville, il lui dépêcha quatre mille mandarins en robes de cérémonie ; tous se prosternèrent