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Voici comme il s’y prit pour rendre ce compte. Il fit faire par le meilleur fondeur de la ville une petite statue composée de tous les métaux, des terres et des pierres les plus précieuses et les plus viles ; il la porta à Ituriel : « Casserez-vous, dit-il, cette jolie statue parce que tout n’y est pas or et diamants ? » Ituriel entendit à demi-mot ; il résolut de ne pas même songer à corriger Persépolis, et de laisser aller le monde comme il va ; « car, dit-il, si tout n’est pas bien, tout est passable[1] ». On laissa donc subsister Persépolis, et Babouc fut bien loin de se plaindre, comme Jonas, qui se fâcha de ce qu’on ne détruisait pas Ninive[2]. Mais quand on a été trois jours dans le corps d’une baleine, on n’est pas de si bonne humeur que quand on a été à l’opéra, à la comédie, et qu’on a soupé en bonne compagnie.

FIN DE LA VISION DE BABOUC.
  1. Fin du chapitre en 1748 et 1750. Le reste fut ajouté en 1756. (B.)
  2. Voyez, dans la Bible, le chapitre iv de Jonas.