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IX
AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

chez elle les talents qu’elle protégeait. Toute faute, dans cette société, devait être réparée par un conte fait sur-le-champ : c’était une espèce de pensum. On sait que le pensum de la société de Boileau était la lecture de quelques vers de Chapelain. J’ai cru que la lecture de celui-ci serait agréable par la gaieté qui règne dans les idées et dans la manière dont elles sont rendues.


C’est donc à l’époque de la retraite de Voltaire chez la duchesse du Maine qu’appartient le Crocheteur borgne. L’édition de 1774 présente des variantes que j’ai cru devoir recueillir. La première est même tellement importante que j’ai été tenté de l’admettre dans le texte. Dans deux endroits que j’indique, j’ai préféré la version de 1774 à celle de l’édition de Kehl.

« Mme  la duchesse du Maine avait imaginé une loterie de titres de différents genres d’ouvrages en vers et en prose ; chacune des personnes qui tiraient ces billets était obligée de faire l’ouvrage qui s’y trouvait porté. Mme  de Montauban ayant tiré pour son lot Une Nouvelle, elle pria M. de Voltaire d’en faire une pour elle ; et il lui donna le conte suivant. »

Ce peu de mots composant l’Avertissement mis par les éditeurs de Kehl en tête de Cosi-Sancta est ma seule autorité pour placer ce roman à l’année 1746.


1747

Zadig.


Je possède un volume petit in-8o, intitulé Memnon, histoire orientale, Londres (Paris), 1747. Ce volume, réimprimé sous le même titre en 1748, contient quinze chapitres, qui font partie de Zadig, ou la Destinée, histoire orientale, 1748, in-12. Zadig a de plus que Memnon trois chapitres, qui sont aujourd’hui les xiie, xiiie et xviie. L’édition encadrée de 1775 est la première qui contienne le chapitre vii. Deux autres chapitres, les xive et xve, et des additions au chapitre vi, parurent pour la première fois dans les éditions de Kehl. Colini, secrétaire de Voltaire en 1753, raconte[1] que les additions faites alors à Zadig, « les calomnies et les méchancetés des courtisans, la fausse interprétation donnée par ceux-ci à des demi-vers trouvés dans un buisson, la disgrâce du héros, sont autant d’allégories dont l’explication se présente naturellement ». Cependant, dès l’édition de 1747, le chapitre iv contient les demi-vers ; les chapitres xiv et xv n’ont été, comme je l’ai dit, ajoutés qu’en 1785 ; les chapitres xii, xiii et xvii sont, comme on l’a vu, de 1748. Ce serait donc au chapitre vii que se borneraient les additions faites en 1753 ; et ce chapitre n’a été publié qu’en 1775.

À l’occasion de Zadig, Longchamp raconte que Voltaire, désirant faire imprimer ce roman pour son compte, mais craignant que les imprimeurs n’en tirassent des exemplaires au delà du nombre convenu, et que le livre ne fût répandu dans le public avant que l’auteur l’eût offert à ses amis, eut recours au moyen suivant, pour parer aux inconvénients qu’il redoutait. Il fit venir l’imprimeur Prault, et lui demanda quel serait le prix d’une édition
  1. Mon Séjour auprès de Voltaire, page 61.