Nous tromper dans nos entreprises,
C’est à quoi nous sommes sujets ;
Le matin je fais des projets,
Et le long du jour, des sottises.
Ces petits vers conviennent assez à un grand nombre de raisonneurs ; et c’est une chose assez plaisante de voir un grave directeur d’âmes finir par un procès criminel, conjointement avec un banqueroutier[2]. À ce propos, nous réimprimons ici ce petit conte, qui est ailleurs : car il est bon qu’il soit partout.
Memnon conçut un jour le projet insensé d’être parfaitement sage. Il n’y a guère d’hommes à qui cette folie n’ait quelquefois passé par la tête. Memnon se dit à lui-même : « Pour être très-sage, et par conséquent très-heureux, il n’y a qu’à être sans passions ; et rien n’est plus aisé, comme on sait. Premièrement, je
- ↑ Voltaire, dans la quatrième partie de ses Questions sur l’Encyclopédie, en 1771, avait un article : Confiance en soi-même, qui n’était autre chose que le conte de Memnon, précédé de quatre vers et de quelques lignes de prose, que les éditeurs de Kehl ont intitulés Avertissement de l’auteur.
- ↑ Billard, et l’abbé Grizel, fameux directeur de consciences. (K.) — Sur ces deux personnages, voyez la note des Stances à Saurin, tome VIII, page 536.