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MIRACLES.

aise qu’il n’ait pas extorqué de l’argent de la Samaritaine, comme font nos prêtres modernes, qui se font largement payer pour leurs divinations[1].

Je suis les numéros des pages. L’auteur passe de là à l’entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem. On ne sait, dit-il[2], s’il était monté sur un âne, ou sur une ânesse, ou sur un ânon, ou sur tous les trois à la fois.

Il compare Jésus tenté par le diable à saint Dunstan qui prit le diable par le nez[3], et il donne à saint Dunstan la préférence.

À l’article du miracle du figuier séché pour n’avoir pas porté des figues hors de la saison ; c’était, dit-il[4], un vagabond, un gueux, tel qu’un frère quêteur, a wanderer, a mendicant, like a friar, et qui, avant de se faire prédicateur de grand chemin, n’avait été qu’un misérable garçon charpentier, no better than a journey-man carpenter. Il est surprenant que la cour de Rome n’ait pas parmi ses reliques quelque ouvrage de sa façon, un escabeau, un casse-noisette. En un mot, il est difficile de pousser plus loin le blasphème.

Il s’égaye sur la piscine probatique de Bethsaïda, dont un ange venait troubler l’eau tous les ans. Il demande comment il se peut que ni Flavius Josèphe, ni Philon, n’aient point parlé de cet ange ; pourquoi saint Jean est le seul qui raconte ce miracle annuel ; par quel autre miracle aucun Romain ne vit jamais cet ange[5] et n’en entendit jamais parler.

L’eau changée en vin aux noces de Cana excite, selon lui, le rire et le mépris de tous les hommes qui ne sont pas abrutis par la superstition.

Quoi ! s’écrie-t-il[6], Jean dit expressément que les convives étaient déjà ivres, μεθυσθῶσι, et Dieu, descendu sur la terre, opère son premier miracle pour les faire boire encore !

Dieu fait homme commence sa mission par assister à une noce de village. Il n’est pas certain que Jésus et sa mère fussent ivres comme le reste de la compagnie[7] : « Whether Jesus and his mother themselves were all cut, as were others of the company, it is not certain. » Quoique la familiarité de la dame avec un soldat fasse présumer qu’elle aimait la bouteille, il paraît cependant que son fils était en pointe de vin, puisqu’il lui répondit avec tant d’aigreur et d’insolence[8], wapishly and snappishly : Femme, qu’ai-je

  1. Page 55. (Note de Voltaire.)
  2. Page 65. (Id.)
  3. Page 66. (Id.)
  4. Troisième discours, page 8. (Id.)
  5. Tome I, page 60. (Note de Voltaire.)
  6. Quatrième discours, page 31. (Id.)
  7. Page 32. (Id.)
  8. Page 34. (Id.)