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ZOROASTRE.


persécuteur. Hélas ! il n’y a pas de sacristain ni de balayeur d’église qui ne persécutât s’il le pouvait.

On ne peut lire deux pages de l’abominable fatras attribué à ce Zoroastre sans avoir pitié de la nature humaine. Nostradamus et le médecin des urines sont des gens raisonnables en comparaison de cet énergumène ; et cependant on parle de lui, et on en parlera encore. Ce qui paraît singulier, c’est qu’il y avait, du temps de ce Zoroastre que nous connaissons, et probablement avant lui, des formules de prières publiques et particulières instituées. Nous avons au voyageur français l’obligation de nous les avoir traduites. Il y avait de telles formules dans l’Inde ; nous n’en connaissons point de pareilles dans le Pentateuque.

Ce qui est bien plus fort, c’est que les mages, ainsi que les brames, admirent un paradis, un enfer, une résurrection, un diable[1]. Il est démontré que la loi des Juifs ne connut rien de tout cela. Ils ont été tardifs en tout. C’est une vérité dont on est convaincu, pour peu qu’on avance dans les connaissances orientales.


DÉCLARATION[2].


DES AMATEURS, QUESTIONNEURS ET DOUTEURS QUI SE SONT AMUSÉS À FAIRE AUX SAVANTS LES « QUESTIONS » CI-DESSUS EN NEUF VOLUMES.[3].


Nous déclarons aux savants qu’étant comme eux prodigieusement ignorants sur les premiers principes de toutes les choses, et sur le sens naturel, typique, mystique, allégorique de plusieurs choses, nous nous en rapportons sur ces choses au jugement infaillible de la sainte Inquisition de Rome, de Milan, de Florence, de Madrid, de Lisbonne, et aux décrets de la Sorbonne de Paris, concile perpétuel des Gaules.

Nos erreurs n’étant point provenues de malice, mais étant la suite naturelle de la faiblesse humaine, nous espérons qu’elles nous seront pardonnées en ce monde-ci et en l’autre.

  1. Le diable, chez Zoroastre, est Hariman, ou, si vous voulez, Arimane ; il avait été créé. C’était tout comme chez nous originairement ; il n’était point principe ; il n’obtint cette dignité de mauvais principe qu’avec le temps. Ce diable, chez Zoroastre, est un serpent qui produisit quarante-cinq mille envies. Le nombre s’en est accru depuis ; et c’est depuis ce temps-là qu’à Rome, à Paris, chez les courtisans, dans les armées, et chez les moines, nous voyons tant d’envieux. (Note de Voltaire.)
  2. Cette Déclaration, qui est de 1772, ne se trouve ni dans l’édition de 1770, ni dans celle de 1771, ni dans l’in-4° (1774), ni dans l’édition encadrée (1775). (B.)
  3. Les premières éditions des Questions sur l’Encyclopédie étaient en neuf volumes. Voyez l’Avertissement de Beuchot, tome XVII.