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VAMPIRES.

xive siècle : c’est que quand on donne le bonnet à un docteur, on lui fait jurer qu’il soutiendra l’immaculée conception de la Vierge. Elle ne la regarde cependant point comme un article de foi, mais comme une opinion pieuse et catholique.



USAGES.


DES USAGES MÉPRISABLES NE SUPPOSENT PAS TOUJOURS UNE NATION MÉPRISABLE[1].


V.
VAMPIRES[2].


Quoi ! c’est dans notre xviiie siècle qu’il y a eu des vampires ! C’est après le règne des Locke, des Shaftesbury, des Trenchard, des Collins ; c’est sous le règne des d’Alembert, des Diderot, des Saint-Lambert, des Duclos, qu’on a cru aux vampires, et que le révérend P. dom Augustin Calmet, prêtre bénédictin de la congrégation de Saint-Vannes et de Saint-Hidulphe, abbé de Sénones, abbaye de cent mille livres de rentes, voisine de deux autres abbayes du même revenu, a imprimé et réimprimé l’histoire des vampires avec l’approbation de la Sorbonne, signée Marcilly[3] !

Ces vampires étaient des morts qui sortaient la nuit de leurs

  1. L’article que les éditions de Kehl contiennent sous le mot Usages n’est autre que la quatrième des Remarques pour servir de supplément à l’Essai sur les Mœurs (voyez les Mélanges, année 1763).
  2. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)
  3. Le livre de dom Calmet est intitulé Dissertation sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de Bohême, de Moravie et de Silésie. (Paris, 1746, in-12). L’approbation est ainsi conçue :

    « J’ai lu par ordre de monseigneur le chancelier un manuscrit qui a pour titre : Dissertations sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, et sur les revenants et vampires. Cette matière demandoit de la recherche et de la critique. L’auteur, si connu dans la république des lettres, paroit n’avoir épargné aucun travail pour se mettre au fait de ce qui concerne le sujet qu’il traite. Ses sages réflexions prouveront également sa judicieuse critique. Elle mettra sans doute le lecteur à l’abri d’une vaine crédulité qui porte à tout croire, et d’un pyrrhonisme dangereux qui porte à douter de tout.

    En Sorbonne, le 16 décembre 1745. »

    « De Marcilly. »