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TARTRE.

douane, tarif des monnaies. L’édit du tarif, dans la minorité de Louis XIV, fit révolter le parlement, et causa la guerre insensée de la Fronde. On paya mille fois plus pour la guerre civile que le tarif n’aurait coûté.



TARTARE.


Tartare, s. et adj. m. et f. ; habitant de la Tartarie. On s’est servi souvent de ce mot pour signifier barbare.

Et ne voyez-vous pas, par tant de cruautés,
La rigueur d’un Tartare à travers ses bontés[1] ?

On a nommé tartares les valets militaires de la maison du roi, parce qu’ils pillaient pendant que leurs maîtres se battaient.

La langue tartare, les coutumes tartares.

Tartare, s. m. ; enfer des Grecs et des Romains, imité du Tartarot égyptien, qui signifiait demeure éternelle. Ce mot entre très-souvent dans notre poésie, dans les odes, dans les opéras : les peines du Tartare, les fleuves du Tartare.

Qu’entends-je ? le Tartare s’ouvre.
Quels cris ! quels douloureux accents !

(Lamotte, Descente aux enfers, st. iv.)



TARTAREUX.


Tartareux, adj. ; mot employé en chimie : sédiment tartareux, liqueur tartareuse, c’est-à-dire chargée de sel de tartre.



TARTRE.


Tartre, s. m. ; sel formé par la fermentation dans les vins fumeux, et qui s’attache aux tonneaux en cristallisation.

Le tartre calciné s’appelle sel de tartre, c’est l’alcali fixe végétal ; il s’emploie dans les arts et dans la médecine. Il se résout par l’humidité en une liqueur qu’on appelle huile de tartre.

Le tartre vitriolé est cette même huile mêlée avec l’esprit de vitriol.

  1. Voltaire lui-même, Zaïre, V, iii.