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TABIS.

d’herbe à la reine, et divers autres noms. Il y a plusieurs espèces de tabac : chacune prend son nom ou de l’endroit où cette plante croît, ou de celui où elle est manufacturée, ou du port principal, ou du pays d’où part cette marchandise. Le petit peuple ayant commencé, en France, à prendre du tabac par le nez, ce fut d’abord une indécence aux femmes d’en faire usage. Voilà pourquoi Boileau dit dans la Satire des femmes (vers 672) :

Fait même à ses amants, trop faibles d’estomac,
Redouter ses baisers pleins d’ail et de tabac.

On dit fumer du tabac, et on entend la même chose par le mot seul de fumer[1].



TABARIN.


Tabarin, nom propre devenu nom appellatif. Tabarin, valet de Mondor, charlatan sur le Pont-Neuf du temps de Henri IV, fit donner ce nom aux bouffons grossiers.

Et sans honte à Térence allier Tabarin.

Tabarine n’est pas d’usage et ne doit pas en être, parce que les femmes sont toujours plus décentes que les hommes.

Tabarinage, et surtout tabarinique, qu’on trouve dans le Dictionnaire de Trévoux, sont aussi proscrits.



TABIS.


Tabis, étoffe de soie unie et ondée, passée à la calandre sous un cylindre qui imprime sur l’étoffe ces inégalités onduleuses gravées sur le cylindre même. C’est ce qu’on appelle improprement moire, de deux mots anglais mo hair, poil de chèvre sauvage. La véritable moire n’admet pas un seul fil de soie.

Où sur l’ouate molle éclate le tabis.

(Boileau, Lutrin, chapitre IV, 44.)

Tabiser, passer à la calandre. Taffetas, gros de Tours tabisé.

  1. Le médecin Hecquet (voyez ci-après la note à l’article Viande) invite à s’abstenir de tabac les jours de jeûne, ou du moins à n’en prendre qu’aux heures du repas.