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SICLE.

de l’Église[1]. Saint Augustin[2] en a été persuadé comme les autres, et a prétendu qu’on ne peut appliquer qu’à Jésus-Christ les vers de Virgile. Enfin les plus habiles modernes soutiennent la même opinion[3].



SICLE[4].


Poids et monnaie des Juifs. Mais comme ils ne frappèrent jamais de monnaie, et qu’ils se servirent toujours à leur avantage de la monnaie des autres peuples, toute monnaie d’or qui pesait environ une guinée, et toute monnaie d’argent pesant un petit écu de France, était appelée sicle ; et ce sicle était le poids du sanctuaire, et le poids de roi.

Il est dit dans les livres des Rois[5] qu’Absalon avait de très-beaux cheveux, dont il faisait couper tous les ans une partie. Plusieurs grands commentateurs prétendent qu’il les faisait couper tous les mois, et qu’il y en avait pour la valeur de deux cents sicles. Si c’était des sicles d’or, la chevelure d’Absalon lui valait juste deux mille quatre cents guinées par an. Il y a peu de seigneuries qui rapportent aujourd’hui le revenu qu’Absalon tirait de sa tête.

Il est dit que lorsque Abraham acheta un antre en Hébron, du Chananéen Éphron, pour enterrer sa femme, Éphron lui vendit cet antre quatre cents sicles d’argent, de monnaie valable et reçue[6], probatæ monetæ publicæ.

Nous avons remarqué[7] qu’il n’y avait point de monnaie dans ce temps-là. Ainsi ces quatre cents sicles d’argent devaient être quatre cents sicles de poids, lesquels vaudraient aujourd’hui trois livres quatre sous pièce, qui font douze cent quatre-vingts livres de France.

Il fallait que le petit champ qui fut vendu avec cette caverne fût d’une excellente terre pour être vendu si cher.

Lorsque Éliézer, serviteur d’Abraham, rencontra la belle Rebecca, fille de Bathuel, portant une cruche d’eau sur son

  1. Remarques de Valois sur Eusèbe, page 267. (Note de Voltaire.)
  2. Lettre clv. (Id.)
  3. Noël Alexandre, siècle ier. (Id.)
  4. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)
  5. Livre II. chapitre xiv, v. 20. (Note de Voltaire.)
  6. Genèse, chapitre xxiii, v. 10. (Id.)
  7. Voyez tome XI, page 120 ; tome XVII, page 357 ; tome XIX, page 240.