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SCHISME.

Je dis adultère, puisque ce méchant homme continua à coucher avec Mme  Moutard.

Je dis sacrilége, puisqu’il confessait Magdeleine. Et s’il maria lui-même sa maîtresse, figurez-vous quel homme c’était que frère Grégoire.

Un de nos collaborateurs et coopérateurs à ce petit ouvrage des Questions philosophiques et encyclopédiques travaille à faire un livre de morale sur les scandales, contre l’opinion de frère Patouillet. Nous espérons que le public en jouira incessamment.



SCHISME[1].


On a inséré dans le grand Dictionnaire encyclopédique tout ce que nous avions dit du grand schisme des Grecs et des Latins dans l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations[2]. Nous ne voulons pas nous répéter.

Mais en songeant que schisme signifie déchirure, et que la Pologne est déchirée, nous ne pouvons que renouveler nos plaintes sur cette fatale maladie particulière aux chrétiens. Cette maladie, que nous n’avons pas assez décrite, est une espèce de rage qui se porte d’abord aux yeux et à la bouche : on regarde avec un œil enflammé celui qui ne pense pas comme nous ; on lui dit les injures les plus atroces. La rage passe ensuite aux mains ; on écrit des choses qui manifestent le transport au cerveau. On tombe dans des convulsions de démoniaque, on tire l’épée, on se bat avec acharnement jusqu’à la mort. La médecine n’a pu jusqu’à présent trouver de remède à cette maladie, la plus cruelle de toutes : il n’y a que la philosophie et le temps qui puissent la guérir.

Les Polonais sont aujourd’hui les seuls chez qui la contagion dont nous parlons fasse des ravages. Il est à croire que cette maladie horrible est née chez eux avec la plika. Ce sont deux maladies de la tête qui sont bien funestes. La propreté peut guérir la plika ; la seule sagesse peut extirper le schisme.

On dit que ces deux maux étaient inconnus chez les Sarmates quand ils étaient païens. La plika n’attaque aujourd’hui que la populace ; mais tous les maux nés du schisme dévorent aujourd’hui les plus grands de la république.

L’origine de ce mal est dans la fertilité de leurs terres, qui

  1. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)
  2. Tome XI, pages 543 et suivantes.