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SALOMON.

vêque d’Auch, son ambassadeur à Rome, appelait Votre Méchanceté, au lieu de Votre Sainteté.

Pour comble de mortification, Anne de Bretagne, sa femme, aussi dévote qu’impérieuse, lui disait qu’il serait damné pour avoir fait la guerre au pape.

Si Léon X et Clément VII perdirent tant d’États qui se détachèrent de la communion papale, ils ne restèrent pas moins absolus sur les provinces fidèles à la foi catholique.

La cour romaine excommunia Henri III, et déclara Henri IV indigne de régner.

Elle tire encore beaucoup d’argent de tous les États catholiques d’Allemagne, de la Hongrie, de la Pologne, de l’Espagne et de la France. Ses ambassadeurs ont la préséance sur tous les autres ; elle n’est plus assez puissante pour faire la guerre, et sa faiblesse fait son bonheur. L’État ecclésiastique est le seul qui ait toujours joui des douceurs de la paix depuis le saccagement de Rome par les troupes de Charles-Quint. Il paraît que les papes avaient été souvent traités comme ces dieux des Japonais, à qui tantôt on présente des offrandes d’or, et que tantôt on jette dans la rivière.



RUSSIE, voyez PIERRE LE GRAND.



S.



SALIQUE, voyez LOI SALIQUE.



SALOMON[1].


Plusieurs rois ont été de grands clercs et ont fait de bons livres. Le roi de Prusse, Frédéric le Grand, est le dernier exemple que nous en ayons. Il sera peu imité ; nous ne devons pas présumer qu’on trouve beaucoup de monarques allemands qui fassent des vers français, et qui écrivent l’histoire de leur pays. Jacques Ier en Angleterre, et même Henri VIII, ont écrit. Il faut en Espagne remonter jusqu’au roi Alfonse X ; encore est-il douteux qu’il ait mis la main aux Tables Alfonsines.

  1. La première édition du Dictionnaire philosophique, en 1764, contenait un article que Voltaire reproduisit dans les éditions de 1765, en un volume, qu’il revit et augmenta pour l’édition de 1765, en 2 volumes in-12. L’édition de 1767 contient le texte de 1764, à quelques mots près. C’est le texte de 1765 qui fut suivi, en 1769, dans la Raison par alphabet. Le texte actuel est de 1771, huitième partie des Questions sur l’Encyclopédie. Les changements faits alors consistent en additions, transpositions, et corrections. Je n’ai relevé que quelques variantes : les donner toutes serait fastidieux.