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PRÉTENTIONS.

dérer plusieurs. Il obtint surtout, avec bien de la peine, qu’il ne serait fouetté que par procureur, et de la propre main d’Aldobrandin.

Vous me direz que Sa Sainteté était forcée à exiger des conditions si extravagantes par le vieux démon du midi Philippe II, qui avait dans Rome plus de pouvoir que le pape. Vous comparerez Aldobrandin à un soldat poltron, que son colonel conduit à la tranchée à coups de bâton.

Je vous répondrai qu’en effet Clément VIII craignait Philippe II ; mais qu’il n’était pas moins attaché aux droits de sa tiare ; que c’était un si grand plaisir pour le petit-fils d’un banquier de donner le fouet à un roi de France que pour rien au monde Aldobrandin n’eût voulu s’en départir.

Vous me répliquerez que si un pape voulait réclamer aujourd’hui de telles prétentions, s’il voulait donner le fouet au roi de France, au roi d’Espagne, ou au roi de Naples, ou au duc de Parme, pour avoir chassé les révérends Pères jésuites, il risquerait d’être traité comme Clément VII le fut par Charles-Quint, et d’essuyer des humiliations beaucoup plus grandes ; qu’il faut sacrifier ses prétentions à son utilité ; qu’on doit céder au temps ; que le shérif de la Mecque doit proclamer Alibeg roi d’Égypte, s’il est victorieux et affermi. Je vous répondrai que vous avez raison[1].


PRÉTENTIONS DE L’EMPIRE,
TIRÉES DE GLAFEY ET DE SCHWEDER.

Sur Rome (nulle). Charles-Quint, même après avoir pris Rome, ne réclama point le droit de domaine utile.

Sur le patrimoine de saint Pierre, depuis Viterbe jusqu’à Civita-Castellana, terres de la comtesse Mathilde, mais cédées solennellement par Rodolphe de Habsbourg.

Sur Parme et Plaisance, domaine suprême comme partie de la Lombardie ; envahies par Jules II, données par Paul III à son bâtard Farnèse ; hommage toujours fait depuis ce temps au pape ; suzeraineté toujours réclamée par les seigneurs de Lombardie ; le droit de suzeraineté entièrement rendu à l’empereur aux traités de Cambrai, de Londres, à la paix de 1737.

Sur la Toscane, droit de suzeraineté exercé par Charles-Quint ; État de l’empire appartenant aujourd’hui au frère de l’empereur.

  1. Fin de l’article ou 1771, et même en 1775 ; le reste est posthume. (B.)