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PAUL.

par la foi, et le prépuce par la foi. Détruisons-nous donc la loi par la foi ; à Dieu ne plaise !

« Car si Abraham a été justifié par ses œuvres, il en a gloire, mais non chez Dieu[1]. »

Nous osons dire que l’ingénieux et profond dom Calmet lui-même ne nous a pas donné, sur ces endroits un peu obscurs, une lumière qui dissipât toutes nos ténèbres. C’est sans doute notre faute de n’avoir pas entendu les commentateurs, et d’avoir été privés de l’intelligence entière du texte, qui n’est donnée qu’aux âmes privilégiées ; mais dès que l’explication viendra de la chaire de vérité, nous entendrons tout parfaitement.

SECTION III[2].

Ajoutons ce petit supplément à l’article Paul. Il vaut mieux s’édifier dans les lettres de cet apôtre que de dessécher sa piété à calculer le temps où elles furent écrites. Les savants recherchent en vain l’an et le jour auxquels saint Paul servit à lapider saint Étienne, et à garder les manteaux des bourreaux.

Ils disputent sur l’année où il fut renversé de cheval par une lumière éclatante en plein midi, et sur l’époque de son ravissement au troisième ciel.

Ils ne conviennent ni de l’année où il fut conduit prisonnier à Rome, ni de celle où il mourut.

On ne connaît la date d’aucune de ses lettres.

On croit que l’Épître aux Hébreux n’est point de lui. On rejette celle aux Laodicéens, quoique cette épître ait été reçue sur les mêmes fondements que les autres.

On ne sait pourquoi il changea son nom de Saül en celui de Paul, ni ce que signifiait ce nom.

Saint Jérôme, dans son commentaire sur l’Épître à Philémon, dit que Paul signifiait l’embouchure d’une flûte.

Les lettres de saint Paul à Sénèque, et de Sénèque à Paul, passèrent, dans la primitive Église, pour aussi authentiques que tous les autres écrits chrétiens. Saint Jérôme l’assure, et cite des passages de ces lettres dans son catalogue. Saint Augustin n’en doute pas dans sa cent cinquante-troisième lettre à Macédonius[3]. Nous avons treize lettres de ces deux grands hommes, Paul et Sénèque,

  1. Chapitre iv. (Note de Voltaire.)
  2. A paru dans la neuvième partie des Questions sur l’Encyclopédie, 1772. (B.)
  3. Édition des Bénédict., et dans la Cité de Dieu, livre VI. (Note de Voltaire.)