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NOËL.



SECTION III.


DE LA CHRONOLOGIE RÉFORMÉE PAR NEWTON, QUI FAIT LE MONDE
MOINS VIEUX DE CINQ CENTS ANS[1].



NOËL.


Personne n’ignore que c’est la fête de la naissance de Jésus. La plus ancienne fête qui ait été célébrée dans l’Église après celle de la Pâque et de la Pentecôte, ce fut celle du baptême de Jésus. Il n’y avait encore que ces trois fêtes quand saint Chrysostome prononça son homélie sur la Pentecôte. Nous ne parlons pas des fêtes de martyrs, qui étaient d’un ordre fort inférieur. On nomma celle du baptême de Jésus l’Épiphanie, à l’exemple des Grecs, qui donnaient ce nom aux fêtes qu’ils célébraient en mémoire de l’apparition ou de la manifestation des dieux sur la terre, parce que ce ne fut qu’après son baptême que Jésus commença de prêcher l’Évangile.

On ne sait si vers la fin du ive siècle on solennisait cette fête dans l’île de Chypre le 6 de novembre ; mais saint Épiphane[2] soutenait que Jésus avait été baptisé ce jour-là. Saint Clément d’Alexandrie[3] nous apprend que les basilidiens faisaient cette fête le 15 de tybi, pendant que d’autres la mettaient au 11 du même mois, c’est-à-dire les uns au 10 de janvier, et les autres au 6 ; cette dernière opinion est celle que l’on suit encore. À l’égard de sa naissance, comme on n’en savait précisément ni le jour, ni le mois, ni l’année, elle n’était point fêtée.

Suivant les remarques qui sont à la fin des œuvres du même Père, ceux qui avaient recherché le plus curieusement le jour auquel Jésus était né disaient, les uns, que c’était le 25 du mois égyptien pachon, c’est-à-dire le 20 de mai, et les autres, le 24 ou le 25 de pharmuthi, jours qui répondent au 19 ou 20 d’avril. Le savant M. de Beausobre[4] croit que ces derniers étaient les valentiniens. Quoi qu’il en soit, l’Orient et l’Égypte faisaient la fête de la nativité de Jésus le 6 de janvier, le même jour que celle de son baptême, sans qu’on puisse savoir, au moins avec certitude,

  1. Les éditeurs de Kehl avaient imprimé comme troisième section une partie de la dix-septième des Lettres philosophiques : voyez les Mélanges, année 1734. (B.)
  2. Hérésie 51, n. 17 et 19. (Note de Voltaire.)
  3. Stromates, livre I, page 340. (Ib.)
  4. Histoire du Manichéisme, tome II, page 692. (Ib.)