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MOÏSE.

Jérossalaïm et de Juddecus, s’était enfui d’Égypte sur un âne. Il est clair par ce passage que les ancêtres des Juifs habitants de Jérusalem passaient pour avoir été des fugitifs de l’Égypte. Une tradition non moins ancienne et plus répandue est que les Juifs avaient été chassés d’Égypte, soit comme une troupe de brigands indisciplinables, soit comme une peuplade infectée de la lèpre. Cette double accusation tirait sa vraisemblance de la terre même de Gessen, qu’ils avaient habitée, terre voisine des Arabes vagabonds et où la maladie de la lèpre, particulière aux Arabes, devait être commune. Il paraît par l’Écriture même que ce peuple était sorti d’Égypte malgré lui. Le dix-septième chapitre du Deutéronome défend aux rois de songer à ramener les Juifs en Égypte.

La conformité de plusieurs coutumes égyptiennes et juives fortifie encore l’opinion que ce peuple était une colonie égyptienne ; et ce qui lui donne un nouveau degré de probabilité, c’est la fête de la pâque, c’est-à-dire de la fuite ou du passage, instituée en mémoire de leur évasion. Cette fête seule ne serait pas une preuve : car il y a eu chez tous les peuples des solennités établies pour célébrer des événements fabuleux et incroyables, telles étaient la plupart des fêtes des Grecs et des Romains ; mais une fuite d’un pays dans un autre n’a rien que de très-commun, et se concilie la créance. La preuve tirée de cette fête de la pâque reçoit encore une force nouvelle par celle des tabernacles, en mémoire du temps où les Juifs habitaient les déserts au sortir de l’Égypte. Ces vraisemblances, réunies avec tant d’autres, prouvent qu’en effet une colonie sortie d’Égypte s’établit enfin pour quelque temps dans la Palestine.

Presque tout le reste est d’un genre si merveilleux que la sagacité humaine n’y a plus de prise. Tout ce qu’on peut faire, c’est de rechercher en quel temps l’histoire de cette fuite, c’est-à-dire le livre de l’Exode, a pu être écrit, et de démêler les opinions qui régnaient alors, opinions dont la preuve est dans ce livre même comparé avec les anciens usages des nations.

À l’égard des livres attribués à Moïse, les règles les plus communes de la critique ne permettent pas de croire qu’il en soit l’auteur.

1° Il n’y a pas d’apparence qu’il eût appelé les endroits dont il parle de noms qui ne leur furent imposés que longtemps après. Il est fait mention dans ce livre des villes de Jaïr, et tout le monde convient qu’elles ne furent ainsi nommées que longtemps après la mort de Moïse ; il y est parlé du pays de Dan, et la tribu