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ŒDIPE
TRAGÉDIE




ACTE PREMIER.




Scène I.

PHILOCTÈTE, DIMAS.
Dimas.

Philoctète, est-ce vous ? Quel coup affreux du sort
Dans ces lieux empestés vous fait chercher la mort ?
Venez-vous de nos dieux affronter la colère ?
Nul mortel n’ose ici mettre un pied téméraire :
Ces climats sont remplis du céleste courroux ;
Et la mort dévorante habite parmi nous.
Thèbes, depuis longtemps aux horreurs consacrée,
Du reste des vivants semble être séparée :
Retournez……

Philoctète.

Retournez……Ce séjour convient aux malheureux :
Va, laisse-moi le soin de mes destins affreux,
Et dis-moi si des dieux la colère inhumaine,
En accablant ce peuple, a respecté la reine.

Dimas.

Oui, seigneur, elle vit ; mais la contagion
Jusqu’au pied de son trône apporte son poison.
Chaque instant lui dérobe un serviteur fidèle,
Et la mort par degrés semble s’approcher d’elle.
On dit qu’enfin le ciel, après tant de courroux,
Va retirer son bras appesanti sur nous :
Tant de sang, tant de morts, ont dû le satisfaire.

Philoctète.

Eh ! Quel crime a produit un courroux si sévère ?

Dimas.

Depuis la mort du roi…