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PRÉFACE


DE L’ÉDITION DE 1730[1]

L’Œdipe, dont on donne cette nouvelle édition, fut représenté, pour la première fois, à la fin de l’année 1718. Le public le reçut avec beaucoup d’indulgence. Depuis même, cette tragédie s’est toujours soutenue sur le théâtre, et on la revoit encore avec quelque plaisir, malgré ses défauts ; ce que j’attribue, en partie, à l’avantage qu’elle a toujours eu d’être très-bien représentée, et en partie à la pompe et au pathétique du spectacle même.

Le P. Folard, jésuite[2], et M. de Lamotte, de l’Académie française, ont depuis traité tous deux le même sujet, et tous deux ont évité les défauts dans lesquels je suis tombé. Il ne m’appartient pas de parler de leurs pièces ; mes critiques et même mes louanges paraîtraient également suspectes[3].

Je suis encore plus éloigné de prétendre donner une poétique à l’occasion de cette tragédie : je suis persuadé que tous ces rai-

  1. On a, jusqu’à ce jour, donné cette préface comme étant d’une édition de 1720. Elle est de l’édition de 1730. L’approbation du censeur est du 17 janvier 1730. Voici cette approbation dont Voltaire parle dans son Mémoire sur la satire : « J’ai lu, par ordre de monseigneur le garde des sceaux, la Préface d’Œdipe, où M. de Voltaire fait plusieurs observations contre mes sentiments : elles m’ont paru polies et même obligeantes par les égards personnels ; agréables et spécieuses par les raisons ; je me réserve d’en examiner la force devant le public, et, s’il est possible, comme si j’étais hors d’intérêt. Fait à Paris, ce 17 janvier 1730. Boudard de Lamotte. » Il ne faut pas croire toutefois que cette préface, telle qu’on la lit aujourd’hui, soit de 1730. L’auteur y fit des changements en 1736, et de plus grands encore en 1738, date des sous-divisions qu’il y mit ; et quelques additions sont plus récentes. (B.)
  2. L’Œdipe du P. Folard avait été représenté par des écoliers du collége de Lyon. L’édition porte le millésime 1722. mais peut être de la fin de 1721. (B.)
  3. M. de Lamotte donna deux Œdipes en 1726, l’un en rimes, et l’autre en prose non rimée. L’Œdipe en rimes fut représenté quatre fois, l’autre n’a jamais été joué. (Note de l’auteur.)