Quel étrange secret me cachez-vous, Zaïre ?
Est-il quelque chrétien qui contre moi conspire ?
Me trahit-on ? parlez.
Eh ! peut-on vous trahir ?
Seigneur, entre eux et vous vous me verriez courir :
On ne vous trahit point, pour vous rien n’est à craindre ;
Mon malheur est pour moi, je suis la seule à plaindre,
Vous, à plaindre ! grand Dieu !
Souffrez qu’à vos genoux
Je demande en tremblant une grâce de vous.
Une grâce ! ordonnez, et demandez ma vie.
Plût au ciel qu’à vos jours la mienne fût unie !
Orosmane… Seigneur… permettez qu’aujourd’hui,
Seule, loin de vous-même, et toute à mon ennui,
D’un œil plus recueilli contemplant ma fortune,
Je cache à votre oreille une plainte importune…
Demain, tous mes secrets vous seront révélés.
De quelle inquiétude, ô ciel ! vous m’accablez :
Pouvez-vous ?…
Si pour moi l’amour vous parle encore,
Ne me refusez pas la grâce que j’implore.
Eh bien ! il faut vouloir tout ce que vous voulez ;
J’y consens ; il en coûte à mes sens désolés.
Allez, souvenez-vous que je vous sacrifie
Les moments les plus beaux, les plus chers de ma vie.
En me parlant ainsi, vous me percez le cœur.
Eh bien ! vous me quittez, Zaïre ?
Hélas ! seigneur.