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ACTE QUATRIÈME.




Scène I.

ZAÏRE, FATIME.
fatime.

Que je vous plains, madame, et que je vous admire !
C’est le Dieu des chrétiens, c’est Dieu qui vous inspire :
Il donnera la force à vos bras languissants
De briser des liens si chers et si puissants.

zaïre.

Eh ! pourrais-je achever ce fatal sacrifice ?

fatime.

Vous demandez sa grâce, il vous doit sa justice :
De votre cœur docile il doit prendre le soin.

zaïre.

Jamais de son appui je n’eus tant de besoin.

fatime.

Si vous ne voyez plus votre auguste famille,
Le Dieu que vous servez vous adopte pour fille ;
Vous êtes dans ses bras, il parle à votre cœur ;
Et quand ce saint pontife, organe du Seigneur,
Ne pourrait aborder dans ce palais profane…

zaïre.

Ah ! j’ai porté la mort dans le sein d’Orosmane.
J’ai pu désespérer le cœur de mon amant !
Quel outrage, Fatime, et quel affreux moment !
Mon Dieu, vous l’ordonnez !… j’eusse été trop heureuse.

fatime.

<poem>

Quoi ! regretter encor cette chaîne honteuse ! Hasarder la victoire, ayant tant combattu :